Une nouvelle polémique vient d’éclater autour de la gestion financière de l’Inspection Générale des Finances (IGF). Le Centre de Recherches en Finances Publiques et Développement Local (CREFDL) a récemment révélé, dans un rapport détaillé, un transfert douteux de 5,9 millions de dollars effectué par la Sicomines en faveur de l’IGF. Cette transaction, présentée comme une rémunération liée aux missions de renégociation d’un contrat de partenariat, soulève de nombreuses interrogations.
L’analyse du CREFDL remet en cause la légitimité de ces fonds, soulignant que la somme aurait été détournée de sa finalité initiale, à savoir le financement de projets d’infrastructures routières. Ce montant, qui aurait été perçu sous forme de bonus et de jetons de présence pour les membres du comité restreint en charge de la révision de la convention du 22 avril 2008, serait en contradiction avec les recommandations du ministère du Budget. Cette pratique, assimilée à une « gratification occulte », ébranle la réputation de l’institution de contrôle des finances publiques.
Une transaction opaque pointée du doigt
D’après les documents consultés par le CREFDL, l’IGF avait adressé plusieurs demandes de paiement à la Sicomines. Ces correspondances, dont les références vont du N°0471/PR/IGF/IG-CS/JAK/NMM/2024 à N°0152/DG/SCM/2024, témoignent d’un processus de validation complexe ayant abouti au virement controversé de 5,9 millions USD sur un compte de l’IGF à la Rawbank. Le montant total initialement sollicité par l’IGF s’élevait à 15,5 millions USD, mais après des échanges prolongés, une réduction a été opérée, sans qu’aucune justification claire n’ait été fournie pour cette révision.
Pour le CREFDL, cette situation constitue un manquement grave aux principes de bonne gouvernance financière. Le centre de recherches demande à ce que la lumière soit faite sur cette affaire et que les autorités compétentes s’assurent que les fonds publics soient utilisés conformément aux besoins de développement du pays. Le rapport recommande également que la présidence et le ministère de la Justice prennent des mesures immédiates pour enquêter sur la gestion financière de l’IGF et son implication dans ce transfert de fonds suspect.
Récurrence des irrégularités : l’IGF sous le feu des critiques
Ce n’est pas la première fois que l’Inspection Générale des Finances se retrouve au cœur d’une affaire de ce genre. En juillet 2024, l’IGF avait déjà fait l’objet de vives critiques pour un autre dossier impliquant la Générale des Carrières et des Mines (Gécamines). Dans ce cas précis, l’IGF avait transformé une mission officielle de contrôle en un contrat de consultance rémunéré à hauteur de 750 000 USD. Cette initiative avait provoqué une controverse entre l’IGF et le Parquet général près la Cour des comptes, soulevant des questions sur l’indépendance et l’intégrité de l’organe de contrôle financier.
À travers ces révélations successives, le CREFDL s’attaque à la crédibilité de l’IGF, accusée de s’écarter de sa mission première : assurer une gestion rigoureuse des fonds publics et veiller à la transparence des transactions financières. L’enquête menée par le CREFDL est perçue comme un appel à plus de rigueur et de responsabilité de la part des institutions publiques.
Face à ces dérives, plusieurs observateurs estiment qu’une réforme en profondeur de la gestion des finances publiques est indispensable. La question qui se pose désormais est celle de l’efficacité des mécanismes de contrôle en place. Le CREFDL interpelle les autorités sur la nécessité d’établir des règles plus strictes en matière de gestion des ressources allouées aux projets d’infrastructures, en particulier ceux réalisés dans le cadre de partenariats publics-privés, souvent financés par des capitaux étrangers.
Les répercussions de cette affaire pourraient aller au-delà de la simple dénonciation d’une mauvaise gestion. Elles remettent en question la capacité des organismes de contrôle à garantir une utilisation optimale des fonds publics dans un contexte de crise économique. La confiance du public dans la transparence des transactions financières est mise à mal, tandis que les appels à une réforme s’intensifient.
L’opinion publique reste dans l’attente de nouvelles mesures qui viendraient renforcer la transparence et l’efficacité du système financier national, afin de restaurer la confiance et de rassurer les partenaires financiers du pays.
M. KOSI