Deux laboratoires roulants et trois camions-ateliers ont été remis à la Régie de distribution d’eau de la République démocratique du Congo (Regideso) par la Banque mondiale. Ces nouveaux équipements, livrés le 5 mai, visent à renforcer les capacités opérationnelles de l’entreprise publique dans un contexte où la demande en eau dépasse largement l’offre, notamment dans la capitale Kinshasa.
Avec plus de 15 millions d’habitants, Kinshasa connaît une pression constante sur ses infrastructures de base, dont l’approvisionnement en eau. Selon les données internes de la Regideso, seules 55 % des zones urbaines de la ville sont régulièrement desservies, avec une production journalière d’eau potable estimée à 550 000 m³, alors que les besoins quotidiens frôlent le million de m³.
Le directeur général de la Regideso, David Mutombo Tshilumba, a affirmé que ces moyens techniques permettront une réaction plus rapide aux urgences sur les réseaux et amélioreront le suivi de la qualité de l’eau à la source et jusqu’au robinet. Ces véhicules spécialisés vont en effet faciliter l’analyse in situ de l’eau, en permettant des diagnostics précis des tronçons critiques, tant sur le plan microbiologique que physico-chimique.
« Ce don entre dans notre stratégie de fiabilisation du service. La Banque mondiale nous accompagne pour rendre nos interventions plus rapides et rigoureuses. Il ne s’agit pas seulement d’atteindre plus de ménages, mais de leur garantir une eau contrôlée et conforme, » a précisé M. Mutombo.
Du côté de la Cellule d’exécution des projets Eau (CEP-O), l’on évoque une réduction attendue du temps d’intervention sur les pannes critiques et une amélioration des études de terrain, notamment dans les quartiers périurbains et les zones à forte densité.
Mais les défis persistent. Le réseau de Kinshasa, en grande partie hérité des décennies passées, souffre de vétusté. Plus de 40 % des conduites principales présentent des fuites récurrentes, et les coupures intempestives restent fréquentes. En outre, le financement des infrastructures reste tributaire du taux de recouvrement des factures, qui ne dépasse pas les 50 % selon des sources proches de la régie.
Le directeur général a ainsi lancé un appel direct aux abonnés de la Regideso :
« Pour que nous puissions continuer à améliorer notre service, chaque facture réglée est un investissement collectif dans l’eau de demain. Nous demandons aux Kinois de jouer leur rôle. »
Le partenariat avec la Banque mondiale s’inscrit dans le cadre du Programme national d’amélioration de l’accès à l’eau en milieu urbain, doté de plusieurs millions de dollars, incluant des volets de modernisation technique, de renforcement institutionnel et de sensibilisation communautaire.
Alors que les projections démographiques tablent sur 25 millions d’habitants à Kinshasa d’ici 2035, la question de l’accès à une eau saine devient un facteur de stabilité urbaine et de santé publique. Ce type de soutien logistique constitue une avancée technique, mais il devra être accompagné d’un renforcement des capacités humaines, de réformes structurelles et d’une meilleure gouvernance du secteur.
— M. KOSI