La ville-province de Kinshasa, peuplée de plus de 17 millions d’habitants, perd chaque conducteur jusqu’à 240 heures par an dans les embouteillages, selon une étude 2023 de la Banque mondiale. Ce samedi, le ministre des Infrastructures Alexis Gisaro a enfoncé une pelle dans le bitume fissuré de l’avenue Tourisme, à Ngaliema. Un geste symbolique pour lancer officiellement la réhabilitation de huit axes stratégiques, dont la route Sebo (Kimwenza-Gare) et le saut-de-mouton de Matete, points noirs répertoriés par la mairie.
« Ces chantiers ne sont pas des rustines. Ils répondent à une urgence économique », explique un collaborateur du ministère joint par téléphone. Les camions transportant les minerais des provinces vers le port de Matadi subissent actuellement des retards moyens de 48 heures aux péages urbains, d’après les chiffres de la Fédération des entreprises du Congo.
Le gouverneur Daniel Bumba, présent sur site, a martelé : « Chaque franc congolais investi dans les routes génère 7 francs de croissance locale. » Une équation vérifiée à Limete, où la réfection partielle du By-pass sous-régional en 2022 a permis de doubler le flux commercial vers le marché de la Liberté.
Parmi les priorités affichées : combattre l’érosion Mbala à Mont-Ngafula. Ce ravin, large comme un terrain de football, grignote 15 mètres de terre par saison des pluies selon les relevés topographiques. « Ma boutique a disparu l’année dernière. Maintenant, les engins sont là », témoigne Julienne Mbenga, commerçante de 54 ans.
Le calendrier des travaux reste flou, mais le budget global avoisinerait 85 millions USD selon des sources parlementaires. Mercredi dernier, le directeur général de l’Office des voiries avait assuré à l’Assemblée nationale : « Les études techniques sont finalisées. Les entreprises congolaises mobilisées représentent 92% du marché. »
Un enjeu politique transparent à six mois de la présidentielle. La communication gouvernementale insiste sur « l’héritage structurant du chef de l’État » tandis que les automobilistes, eux, comptent les jours. « Si je gagne deux heures par jour, je pourrai chercher plus de clients », souffle Pascal Lutonga, chauffeur de taxi-moto sur l’avenue Université.
Restriction majeure : aucun dispositif n’est prévu pour détourner le trafic pendant les travaux. Les Kinois devront patienter entre les pelleteuses et les embouteillages… avant de peut-être respirer.
— M. KOSI






