Kinshasa se dote d’un cadre légal inédit pour ses futures rocades

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rocades de kinshasa

Félix Tshisekedi a ordonné, ce 23 mai, la création d’un dispositif de régulation foncière autour des Rocades de Kinshasa, lors du 44ᵉ Conseil des ministres. Objectif : éviter l’explosion de conflits entre populations, investisseurs et État, dans un contexte d’urbanisation accélérée.

Trois ministres d’État – Affaires foncières, Justice, Infrastructures – devront superviser d’ici septembre 2024 une cellule de médiation dotée de pouvoirs étendus. « Les propriétaires traditionnels et les nouveaux acquéreurs doivent coexister sans heurts », a insisté le chef de l’État, rappelant que 65 % des terrains concernés par le projet sont actuellement occupés de manière informelle, selon un rapport de la Banque mondiale.

Ce bras de fer juridique intervient deux semaines après le lancement officiel des travaux, le 22 juin. Les six rocades prévues – 78 km de voies structurantes – doivent relier les quartiers périphériques au centre-ville, où se concentrent 85 % des emplois de la capitale. Un chantier à 1,2 milliard de dollars financé par des partenariats public-privé, selon le ministère des Infrastructures.

« Sans cadre clair, chaque grand projet crée des déplacés invisibles », alerte Jean-Baptiste Kasekwa, coordinateur de l’ONG Congo Land Alliance. Son enquête de terrain révèle que 43 % des expropriations pour travaux publics entre 2020 et 2023 ont généré des contentieux non résolus. La nouvelle cellule devra trancher 500 dossiers litigieux identifiés dès la phase préparatoire.

Le dispositif prévoit trois innovations :

  • Un registre numérique des transactions accessible en temps réel
  • Des audiences publiques mensuelles avec médiateurs agréés
  • Un fonds d’indemnisation prioritaire pour les occupants historiques

Reste un défi de taille : 72 % des Kinois ignorent leurs droits fonciers, d’après une étude de la Fondation Hanns Seidel. « Nous lancerons une campagne de sensibilisation dans les 26 communes impactées », promet le ministre Patrick Muyaya.

Avec 17 millions d’habitants attendus d’ici 2030, Kinshasa mise sur ces infrastructures pour réduire de 40 % son temps de trafic moyen – actuellement évalué à 2h30 quotidiennes par habitant. Mais le succès dépendra d’une équation fragile : moderniser sans exclure.

— M. KOSI

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