Depuis septembre, le franc congolais s’est raffermi face au dollar, d’un couloir de 2 800–2 900 FC pour 1 USD vers environ 2 250–2 300 FC. La répercussion sur les étiquettes se matérialise désormais à Kinshasa : importateurs et grands distributeurs confirment une baisse sur plusieurs produits de base, constat partagé sur les marchés de Liberté, Pompage et Zigida.
Ce que montrent les marchés et les fiches de prix
Chez SOKIN, les tarifs reculent nettement. Le sel 20 kg passe à 18 400 FC contre 23 200 FC auparavant. Le riz Sokin “bande bleue” 25 kg s’affiche à 49 500 FC contre 60 200 FC. Le riz blanc Sokin 25 kg tombe à 46 000 FC après 58 000–59 000 FC. Le sucre roux 50 kg glisse à 121 900 FC (contre 153 700 FC), la farine beignet 25 kg à 78 200 FC (contre 95 200 FC). Côté huiles, le bidon Simba 25 L s’échange 99 130 FC (contre 124 990 FC) et le carton d’huile Simba 5 L 97 750 FC (contre 123 250 FC). Sur place, des gérants relient ce recul au taux de change : lorsque la devise locale se renforce, le coût d’import recule et l’étiquette suit avec un décalage court.
La SOCIMEX affiche le même mouvement. Le riz Habiba 25 kg revient à 49 450 FC (après 73 500 FC), le riz Lion 25 kg à 49 450 FC (après 73 000 FC). D’autres références se positionnent ainsi : riz B’B 25 kg 50 600 FC, riz Warrior 25 kg 46 000 FC, semoule Inter 48 300 FC, sel 25 kg 18 400 FC. Les produits laitiers suivent la tendance : Crème Valley 25 kg à 236 900 FC (après 288 400 FC), lait Bright à 241 500 FC (après 304 500 FC), lait Nimigol à 233 600 FC (après 292 900 FC). Des responsables en boutique signalent encore des écarts chez certains détaillants et appellent à un contrôle public plus serré pour aligner tout le monde sur les nouveaux barèmes.
Dans l’enseigne Ngoma, le sucre Kwilungongo 50 kg recule de 140 000 FC à 128 000 FC. Les laits en poudre affichent : Milgro 2 500 g 39 900 FC, Nido 2 500 g 59 500 FC, Bonjour 2 500 g 37 200 FC, Africa Choice 2 500 g 43 100 FC. Côté céréales : semoule Instanta 48 300 FC, riz Crown 46 500 FC, semoule Amiga 55 200 FC. L’huile Simba 5 L glisse à 25 300 FC après 28 000 FC. Des détaillants disent apprécier l’allègement pour leurs clients, tout en demandant une surveillance régulière afin d’éviter les pratiques de prix rigides malgré le change.
Le signal est visible aussi dans les chambres froides. À Grayson (Limete, 3ᵉ Rue Industrielle), le poulet Wilki 9 kg passe à 71 217 FC (après 84 000 FC), le Wilki 10 kg à 75 887 FC (après 94 250 FC), le Wilki 12 kg à 112 080 FC (après 139 200 FC). Le poulet Trinity est affiché 35 608 FC (après 44 225 FC), le Damaco au même niveau, et les côtis de viande à 68 258 FC (après 86 275 FC). Des baisses comparables sont indiquées chez Canaan (9ᵉ Rue Limete Résidentielle) et Elikya (2ᵉ Rue Industrielle). À la sortie, des clients souhaitent que cette inflexion dure, avec des contrôles ciblés là où les baisses tardent.
Sur les marchés, les discussions convergent : la réévaluation du franc améliore le coût d’approvisionnement, mais l’ajustement à la vente dépend d’habitudes et de stratégies de marge distinctes selon les acteurs. Des consommateurs appellent à des sanctions lorsque les tarifs restent figés malgré l’allègement des coûts, estimation partagée par des associations de quartier et des vendeurs alignés qui craignent une concurrence déloyale de ceux qui retardent l’ajustement.
Le ministère de l’Économie nationale corrobore ces observations à travers l’application Talo, qui agrège les relevés de prix à Kinshasa. L’analyse mi-septembre à mi-octobre 2025 fait ressortir un repli mesurable sur plusieurs paniers, en phase avec la remontée du franc. Cette concordance entre fiches officielles et réalité des étals renforce l’idée d’un transfert du change vers les prix, même si l’ampleur varie selon la structure de coûts, les délais logistiques et la rotation des stocks.
En filigrane, trois leviers conditionnent la suite : la stabilité du taux, la discipline de facturation tout au long de la chaîne (grossistes, semi-grossistes, détail) et le suivi administratif. Si la monnaie reste ferme autour de 2 250–2 300 FC pour 1 USD, l’espace pour des ajustements additionnels demeure, notamment sur les références où la rotation est rapide. À l’inverse, si le change repart à la hausse, l’allègement actuel pourrait s’émousser avant la fin des cycles de réassort.
Pour l’heure, Kinshasa voit ses étiquettes respirer : sel, riz, sucre, huiles, laits en poudre et volailles refroidies reflètent mieux le coût d’import. Les consommateurs s’attendent à ce que l’ensemble des détaillants joue le jeu, et que l’arbitrage public garantisse une transmission fidèle du change aux prix de vente.
— M. KOSI






