Le prix du ciment gris a connu une nette augmentation à Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo, faisant passer le sac de 50 kilos de 14 à 22 dollars américains en l’espace de trois semaines. Cette hausse soudaine provoque des perturbations visibles sur les chantiers de construction, où les activités sont parfois suspendues faute de moyens.
À Kisangani, plusieurs artisans affirment avoir été contraints de stopper les travaux en cours, en raison de la difficulté pour les clients à absorber cette augmentation. « Les commandes sont suspendues, les clients se retirent », confie l’un d’eux, interrogé dans un quartier périphérique de la ville.
Les commerçants, de leur côté, attribuent cette hausse à la détérioration des conditions sécuritaires dans l’Est du pays, combinée à l’augmentation des coûts de transport depuis Kinshasa. Toutefois, aucune modification majeure du prix à la sortie des usines n’a été observée au niveau national.
Face à cette situation, le ministre provincial de l’Économie, Senold Tandia, a réuni les principaux opérateurs du secteur le mercredi précédent. Lors de cette rencontre, il a dénoncé ce qu’il qualifie de spéculation injustifiée et a exigé un retour immédiat du prix à 16 dollars maximum, sous peine de sanctions. « Ce n’est pas une hausse liée aux réalités du marché », a-t-il déclaré devant les opérateurs économiques.
Malgré cet avertissement, plusieurs dépôts de ciment ont gardé leurs portes closes dans les jours qui ont suivi. Ceux qui restent ouverts continuent, pour la plupart, à pratiquer les prix décriés. Cette inertie soulève des interrogations sur l’application effective des mesures décidées par les autorités locales.
Le ciment distribué à Kisangani provient en grande partie de Kinshasa, où il est vendu en moyenne entre 9 et 10 dollars le sac. Selon des estimations locales, le coût de transport par voie fluviale jusqu’à Kisangani s’élèverait à environ 150 dollars par tonne, soit un surcoût logistique qui ne devrait pas excéder 5 à 6 dollars par sac. La différence constatée sur le terrain reste donc difficile à justifier d’un point de vue économique.
Cette situation coïncide avec une reprise timide de la demande immobilière dans cette partie du pays. Pour plusieurs ménages ayant lancé de petits projets de construction, cette hausse inattendue remet en cause les prévisions budgétaires et entraîne des retards dans l’exécution des travaux.
Les autorités provinciales assurent qu’un suivi sera effectué dans les jours à venir pour contrôler le respect de la grille tarifaire imposée. À ce jour, aucune sanction officielle n’a été annoncée contre les distributeurs réfractaires.
— M. KOSI






