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La RDC enclenche les mesures concrètes du Startup Act pour relancer l’économie numérique

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L’application concrète du Startup Act en République démocratique du Congo a franchi un cap avec la tenue d’un séminaire stratégique, ce jeudi à Kinshasa, réunissant des représentants de l’Union européenne, du gouvernement et de la Fédération des entreprises du Congo. Ce texte législatif, pourtant adopté dès 2022 par ordonnance-loi, peinait jusque-là à entrer en vigueur faute de décrets opérationnels. C’est désormais chose faite. L’Exécutif a validé une série de textes réglementaires censés lever les verrous institutionnels freinant l’émergence d’un tissu entrepreneurial innovant.

L’ambition affichée est d’accélérer la structuration des start-up congolaises à travers un cadre fiscal et administratif plus attractif, à un moment où le pays cherche à diversifier une économie encore largement dépendante des matières premières. Le Startup Act prévoit, entre autres, une exonération temporaire des charges fiscales et parafiscales, la mise en place d’un guichet unique de soutien, ainsi qu’un accès encadré aux financements publics et privés. Mais au-delà du discours, l’enjeu reste l’exécution.

Mario Caivano, responsable du portefeuille économique à la délégation de l’Union européenne en RDC, a souligné que "la stabilité réglementaire est une condition de base pour restaurer la confiance des investisseurs". Son intervention rappelle que le soutien européen, estimé à près de 215 millions d’euros engagés depuis 2020 sur les volets économiques, ne saurait porter ses fruits sans des contreparties institutionnelles solides.

Startup Act

Les données récentes de l’Agence nationale pour la promotion des investissements indiquent que près de 7 jeunes entreprises sur 10 abandonnent leurs démarches de formalisation dans les six premiers mois, principalement en raison de délais excessifs, de l’opacité des procédures et de l’absence d’accompagnement technique. L’administration publique fonctionne encore en silos, ce qui rend difficile l’application harmonisée d’un texte transversal comme le Startup Act. Plusieurs ministères, dont ceux du Numérique, des Finances, de l’Industrie et du Plan, devront ajuster leurs cadres d’intervention pour éviter les conflits de compétence.

Sur le plan macroéconomique, la RDC affiche une prévision de croissance de 5,6 % en 2025, portée par les exportations minières. Mais cette trajectoire reste peu inclusive. Le secteur des technologies, qui représente moins de 2 % du PIB, reste fragmenté, avec une prédominance du secteur informel. Offrir un statut clair aux entreprises innovantes, tout en leur garantissant un accès au capital, pourrait renforcer la résilience économique du pays en captant les externalités positives de la numérisation.

Le séminaire de Kinshasa a également mis en avant le rôle attendu de la FEC dans la coordination du suivi terrain. L’idée d’un baromètre périodique des blocages a été évoquée. Il permettrait d’objectiver les avancées et retards, et de produire des indicateurs utiles à la révision continue du dispositif.

La coopération UE-RDC dans ce domaine s’inscrit dans un cadre plus large, qui inclut également le programme Archipelago RDC, visant à renforcer les capacités techniques et managériales des entrepreneurs locaux. La mise en synergie de ces instruments avec les dispositions du Startup Act pourrait faire émerger un vivier de PME à fort potentiel, mieux préparées à intégrer les chaînes de valeur régionales et à répondre aux exigences des marchés formels.

Peter MOYI

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