Les contrats d’oxyde de cobalt sur la London Metal Exchange ont enregistré une hausse de 5 %, atteignant 22 246,19 dollars la tonne pour l’avril 2026, contre 21 153 dollars précédemment. Cette progression survient après l’annonce du 22 février par la République démocratique du Congo, suspendant ses exportations de cobalt pour une durée de quatre mois afin de limiter un excès de production sur le marché international.
En tant que fournisseur mondial dominant – représentant 75 % de la production globale – la décision congolais a instauré une incertitude parmi les opérateurs, qui anticipent un resserrement de l’approvisionnement dans un contexte de demande en progression continue.
Les acteurs de la Bourse des métaux de Shanghai font état d’un arrêt temporaire des offres de cobalt raffiné par les industries de transformation, ces dernières prenant le temps d’évaluer la disponibilité du minerai brut. Par ailleurs, S&P Global avait déjà évoqué une réduction des stocks excédentaires pour 2025, la suspension exportatrice accélérant ainsi la correction des prix.
Cette mesure s’inscrit dans le cadre d’une stratégie plus large mise en œuvre par l’ARECOMS, l’organisme chargé de réguler le marché des substances minérales stratégiques. L’institution prévoit de réexaminer l’impact de la suspension dans un délai de trois mois afin d’ajuster, de prolonger ou de lever l’interdiction selon l’évolution de la situation.
Parallèlement, les observateurs surveillent la réaction des grands producteurs, en particulier le groupe chinois CMOC, dont les investissements dans la mine de Kisanfu ont contribué à un surplus sur le marché du cuivre et, par ricochet, de cobalt. Selon certaines estimations, la demande pour ce métal – stimulée par la croissance du secteur des véhicules électriques – devrait augmenter d’environ 11 % par an, tandis que l’offre progresserait à hauteur de 4 % annuellement en raison du nombre restreint de nouveaux projets en RDC.
La suspension affecte également l’exploitation minière artisanale, qui représente entre 15 et 30 % de la production nationale. D’après plusieurs rapports, le cobalt issu de ces opérations ne pourra être commercialisé qu’à travers l’Entreprise Générale de Cobalt (EGC), filiale publique de la Gécamines. L’EGC a indiqué son intention d’acheter le cobalt artisanal pendant cette période afin de soutenir les petits exploitants et de promouvoir une chaîne d’approvisionnement plus transparente, malgré les difficultés liées à des transactions nécessitant des ventes rapides et des avances financières fréquentes.
Les retombées de cette décision se font sentir sur les recettes minières, lesquelles alimentent les budgets publics et financent divers projets de développement. Toutefois, certains analystes estiment qu’un rétablissement durable des cours du cobalt pourrait prendre du temps, le déficit d’approvisionnement ne se matérialisant potentiellement pas avant 2030.
Dans ce contexte de rééquilibrage, le marché du cobalt demeure au cœur des préoccupations de l’industrie des batteries et de la transition énergétique mondiale, tout en continuant de constituer une source importante de revenus pour l’économie congolaise.
— M. KOSI






