Le Conseil de sécurité des Nations Unies a été, ce dimanche 26 janvier 2025, le lieu d’une intervention marquante de la Russie sur la situation préoccupante dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Moscou, par la voix de son représentant permanent Vassili Nebenzia, a dénoncé les effets néfastes des conflits armés sur les populations locales, mais aussi sur l’économie nationale, en pointant du doigt l’exploitation illicite des ressources naturelles.
L’intervention russe a mis en lumière une réalité souvent évoquée mais rarement affrontée avec rigueur : la manière dont les affrontements entre groupes armés favorisent le pillage des minerais stratégiques tels que le coltan. Rubaya, une région sous contrôle du groupe armé M23, illustre cette problématique. Le coltan qui en est extrait, indispensable à l’industrie technologique mondiale, quitte souvent le territoire congolais par des voies détournées, privant ainsi l’État de recettes essentielles pour son développement.
Vassili Nebenzia n’a pas mâché ses mots. Pour lui, l’urgence n’est pas uniquement de contenir les violences, mais aussi de mettre fin aux réseaux qui tirent profit de ces instabilités. « La communauté internationale doit agir non seulement pour restaurer la paix, mais aussi pour protéger les richesses du peuple congolais. Les violences ne doivent pas devenir le prétexte à un pillage organisé », a-t-il déclaré devant l’assemblée.
Au-delà des préoccupations économiques, la Russie s’est aussi penchée sur le drame humain que connaît la région. Des milliers de familles continuent de payer le prix de ce conflit qui, depuis des années, s’enracine dans l’est du pays. En condamnant fermement les attaques contre les populations civiles, Moscou a rappelé la nécessité d’une mobilisation collective pour garantir leur sécurité et leur droit à une vie digne.
Cependant, l’intervention russe ne s’est pas limitée à une simple dénonciation. En appelant à des discussions directes entre Kinshasa et Kigali, Moscou a réaffirmé son rôle potentiel de médiateur dans une crise régionale qui, au fil des mois, gagne en complexité. Le diplomate russe a insisté sur l’importance d’un dialogue entre la RDC et le Rwanda pour apaiser les tensions et éviter une escalade dont les répercussions pourraient se faire sentir bien au-delà des frontières congolaises.
En parallèle, les relations entre la RDC et la Russie évoluent dans une direction plus constructive sur d’autres fronts. Lors du Forum Russie-Afrique tenu à Sotchi en 2024, Kinshasa a manifesté son intérêt pour une collaboration économique accrue. Ce rapprochement vise à diversifier les partenariats stratégiques du pays, avec un accent particulier sur l’agriculture, l’énergie et les infrastructures. La RDC espère ainsi attirer des investissements russes, tout en garantissant un cadre juridique clair et stable pour les investisseurs.
Cette coopération pourrait, à terme, offrir des solutions économiques aux défis qui minent l’est du pays. Si la paix s’installe durablement, ces initiatives pourraient transformer les ressources minières de la région en un levier de développement, plutôt qu’en une source de conflits.
En plaçant la question des ressources au centre des débats, la Russie cherche peut-être à redéfinir son rôle en Afrique. Mais pour Kinshasa, l’urgence immédiate reste de trouver des réponses concrètes à une crise humanitaire et sécuritaire qui n’a que trop duré.
— Peter MOYI