Un récent rapport met en lumière le potentiel de l’Afrique pour devenir un acteur significatif sur le marché mondial du cannabis, offrant ainsi des opportunités tant pour les recettes fiscales que pour les investisseurs et les exploitants. Alors que la légalisation du cannabis s’étend à l’échelle mondiale depuis une décennie, l’Afrique pourrait émerger en tant que pivot crucial dans la fourniture mondiale de produits dérivés de cette plante aux multiples usages, d’après un rapport publié par Ecofin Pro, la plateforme professionnelle de l’agence Ecofin, en novembre dernier.
Une culture historique
Le rapport, intitulé « L’Afrique peut se positionner sur un marché mondial du cannabis en pleine croissance« , souligne que le cannabis est la drogue la plus consommée à l’échelle mondiale. Diverses parties de la plante sont utilisées, notamment la fleur et les feuilles, séchées et renommées sous des termes variés tels que « marijuana« , « ganja« , « herbe » ou « chanvre« .
En Afrique, l’introduction du cannabis remonte au début du 16e siècle en provenance d’Asie du Sud. Depuis lors, sa culture s’est répandue dans toutes les sous-régions. Selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), au moins 43 pays africains produisaient du cannabis en 2005. Le continent représente le principal fournisseur mondial, avec le Maroc en tête, transformant une grande partie de sa récolte en résine de cannabis, dépassant ainsi des pays comme l’Afghanistan, le Liban, l’Inde et le Pakistan.
Opportunités économiques majeures
Au-delà de la production et de la consommation locales, le cannabis présente d’énormes opportunités économiques pour le continent, stimulées par le mouvement mondial de libéralisation et les applications médicales croissantes de la plante.
Selon les cabinets Arcview Market Research et BDS Analytics, les ventes sur le marché légal du cannabis ont augmenté de 46% en 2019 pour atteindre 14,8 milliards de dollars, avec des prévisions estimant qu’elles pourraient atteindre 47 milliards de dollars d’ici 2025. Des prévisions plus optimistes de Statista évoquent un marché du cannabis légal à 63 milliards de dollars en 2024, tandis que Barclays anticipe une valeur de 272 milliards de dollars en 2028.
Défis et opportunités en Afrique
En Afrique, bien que la plupart des légalisations nationales soient encore strictes, certains pays adoptent des politiques volontaristes pour tirer profit des opportunités du marché. Le Lesotho, le Maroc, le Zimbabwe, l’Afrique du Sud et le Rwanda figurent parmi ceux qui ont pris des mesures en ce sens.
Le rapport souligne également que l’essor du marché mondial du cannabis offre des opportunités pour toutes les parties prenantes en Afrique. Les gouvernements peuvent générer des recettes fiscales en assouplissant le cadre réglementaire, tandis que la dépénalisation permet d’économiser des ressources auparavant allouées à des politiques répressives inefficaces. Pour les entreprises et les investisseurs privés, le marché du cannabis légal et illégal en Afrique, estimé à 37,3 milliards de dollars en 2018, représente une opportunité de croissance, bien que des défis subsistent, tels que la monopolisation par des entreprises étrangères et les barrières réglementaires.
Perspectives d’avenir
Alors que le marché du cannabis en Afrique est en plein essor, les acteurs du secteur devront relever plusieurs défis pour assurer son développement durable. Ces défis, centrés sur des questions cruciales telles que la taxation publique, la place des acteurs locaux, la stabilité du cadre réglementaire, l’encadrement de la consommation récréative et le modèle de régulation, nécessiteront une attention particulière des pouvoirs publics pour favoriser la croissance économique tout en évitant la marginalisation des acteurs locaux.
Par la rédaction