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Le système bancaire congolais : pourquoi les Congolais ne devraient pas être absent ?

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Rédigé par WASHE ONGANGA RODRIGUES,
Expert en gestion des risques, MBA candidate
Analyste Crédit senior

Abstract

Selon le rapport de la banque centrale en 2020, le paysage financier congolais reste dominé en termes de nombre par les Institutions du Système Financier Décentralisé, à savoir : les coopératives d’épargne et de crédit ainsi que les institutions de microfinance. En effet, leur nombre s’est maintenu à 102 alors que celui des banques est passé de 18 à 17, à la suite du retrait · d’agrément d’Alliance Bank Congo, consécutif à sa dissolution volontaire. En sus de ces deux premières catégories, le secteur a compté également une caisse d’épargne, 5 sociétés financières, à la suite du retrait d’agrément de Kwanza Capital SA, et parmi lesquelles figurent 4 établissements de monnaie électronique, 3 Institutions Financières Spécialisées, dont le nombre est resté inchangé durant la période sous étude. Quant aux messageries financières et bureaux de change, leur nombre est passé respectivement de 70 à 79 et de 27 à 32.

A fin 2018, le secteur bancaire congolais était composé de dix-sept (17) banques suite à la dissolution volontaire d’Alliance Bank. Quant à la Banque Internationale pour l’Afrique au Congo, BIAC en sigle, elle demeure toujours sous administration provisoire de la Banque Centrale du Congo, la liquidation de la FIBANK, elles sont demeurées au nombre de deux (2) à fin 2018

De toutes les banques présente, aucune banque a capitaux majoritairement congolais ; Depuis 1998, le gouvernement congolais a entrepris des réformes pour assainir ce secteur et près de vingt après, quelle est la situation des banques congolaises (parties II et III) ? Pourquoi avoir des banques a capitaux congolais ? Que peut faire le gouvernement pour remédier à cette situation ? Cet article, se propose donc de faire un essai d’analyse de la situation et répondre à ces questions.

Introduction

Le système bancaire est le relais privilégier de la politique monétaire 

La politique monétaire, consiste à réguler la masse monétaire en fonction de certains objectifs (stabilité des prix, relance de l’activité par exemple), elle est l’un des principaux instruments de la politique économique d’un pays[1]. Pour atteindre ses objectifs la politique monétaire menée par les autorités monétaires passe par plusieurs canaux précis dont le canal du crédit bancaire

A la suite des travaux des monétaristes, on s’est aperçu que la politique monétaire prenait une importance cruciale dans la lutte contre l’inflation qui pour la plupart d’économiste doit être l’unique objectif à poursuivre par la politique monétaire. La transparence et l’indépendance des banques centrales ont dès lors été jugées indispensables pour assurer l’efficacité de la politique monétaire.

C’est donc un instrument de politique économique générale susceptible de concourir, cumulativement ou alternativement, à la réalisation de l’un des trois objectifs ci-après :

– la stabilité des prix ;

– la croissance économique et le plein emploi ;

– l’équilibre extérieur.

Le système bancaire au travers du crédit bancaire est le système privilégier via le crédit bancaire est un canal important pour la transmission de la politique monétaire. En effet, les impulsions données par la BCC ont transité par les banques pour permettre à la BCC d’atteindre ses objectifs.

 SITUATION DES BANQUES CONGOLAISE

D’après, le rapport d’évaluation du FMI sur la « stabilité du système bancaire et financier congolais » d’octobre 2014[1], celui-ci estime ce système peu profond et sous-développé. Ce système comprend 18 banques agréées (Tableau 2), une société nationale d’assurance (SONAS) et l’Institut national de sécurité sociale (INSS), 5 institutions spécialisées, 143 IMF (Institutions de Micro-Finance) et coopératives, 59 institutions de transfert de fonds, 3 institutions de monnaie électronique et 16 bureaux de change. La comparaison entre les deux tableaux 1 et 2, montre que sur les 13 banques figurant au Tableau 1, seules 5 ont survécu, le reste fait partie des banques nouvellement installées. En outre, il n’existe ni marché d’actions, ni marché de titres de créance.

Déjà en 2007, le Groupe Consultatif d’Assistance aux Pauvres (GCAP) dans son rapport [2], évoquait un système financier peu développé et fragile, nonobstant les réformes initiées depuis 2001 et les avancées notables enregistrées, avec un secteur bancaire qui comprenait à l’époque 12 banques, après liquidation et consolidation de certaines. Signalons que depuis 1998, la Banque Centrale du Congo (BCC) a lancé des procédures de liquidation à l’encontre de 11 banques, dont 9 étaient forcées (ATB, BANCOR, BCA, BCCE, BCD, COBAC, FBCC et Banque Congolaise) et 3 se sont faites sur une base volontaire (BANCOC, UBC Mining Bank et alliance bank) et que ces procédures de liquidation participent de l’assainissement du système bancaire et financier congolais. Le coût social, économique et financier de toutes ces liquidations demeure encore inconnu à ce jour et l’assurance des dépôts, et donc la protection des déposants faisant toujours défaut en RDC, les pauvres déposants de toutes ces banques, ont été tout simplement roulés dans la farine.

Par ailleurs, le retard occasionné -dû généralement aux fragilités conjoncturelles et aux ingérences- pour la liquidation de ces banques a un coût budgétaire important selon le FMI, qui cite en exemple, le cas de la Banque Congolaise « BC », qui depuis deux ans et demi, seuls 3 à 4 % de ses actifs ont été liquidés.

Afin 2018, le secteur bancaire congolais était composé de dix-sept (17) banques suite à la dissolution volontaire d’Alliance Bank. En effet, cette banque était confrontée à d’énormes difficultés de fonctionnement depuis son agrément et avait décidé de sa dissolution volontaire et en a informé l’Autorité de Régulation et de Contrôle. Quant à la Banque Internationale pour l’Afrique au Congo, BIAC en sigle, elle demeure toujours sous administration provisoire de la Banque Centrale du Congo, en dépit, d’une part, de la dégradation continuelle de sa situation financière et, d’autre part, des intentions de rachat manifestées mais non concrétisées par divers investisseurs. Par ailleurs, il sied de retenir que la santé financière du secteur est satisfaisante du fait de la réduction du nombre de banques à situation financière préoccupante. De trois (3) à fin 2017, à la suite de la liquidation de la FIBANK, elles sont demeurées au nombre de deux (2) à fin 2018

Tableau 2. Les banques congolaises en 2023

Nom de la BanqueNationalité
1.Equity Banque Commerciale du Congo (BCDC)Etrangère
2.CitybankEtrangère
3.Banque Internationale pour l’Afrique au Congo (BIAC)Locale (Faillite sous tutelle)
4.SofibanqueEtrangère
5.ByblosbankEtrangère
6.Trust Merchant Bank (TMB)Etrangère
7.RawbankEtrangère
8.Standard BankEtrangère
9.Pro Crédit BankEtrangère
10.Access BankEtrangère
11.Afriland First BankEtrangère
12.Banque Gabonaise Française Internationale (BGFI )Etrangère
13.Banf of Africa (BOA)Etrangère
14.Ecobank RDCEtrangère
15.United Bank for Africa (UBA)Etrangère
16.First international Bank (FIB)Etrangère
17.Advans BankEtrangère
18.First National Bank of Nigeria (FNBN/ex-BIC)Etrangère

Sources: KFW et BCC

3. Pourquoi avoir des banques à capitaux congolais

 Il y a plusieurs raisons pour lesquelles un pays pourrait souhaiter avoir des banques commerciales appartenant à des entités nationales ou résidant sur son territoire. Voici quelques-unes de ces raisons :

  • Stimuler l’économie nationale : Les banques commerciales jouent un rôle essentiel dans le financement de l’économie nationale. Elles fournissent des prêts aux entreprises locales, aux particuliers et aux gouvernements, ce qui contribue à stimuler la croissance économique et à créer des emplois.
  • Contrôle de la politique monétaire : Les banques centrales et les gouvernements ont un certain degré de contrôle sur les banques commerciales nationales, ce qui leur permet d’influencer la politique monétaire. Ils peuvent ajuster les taux d’intérêt, les réserves obligatoires et d’autres outils pour stabiliser l’économie.
  • Sécurité financière : Les banques commerciales nationales sont généralement réglementées et supervisées par les autorités financières du pays. Cela contribue à garantir la sécurité financière des déposants et à prévenir les crises bancaires.
  • Promotion de l’investissement local : Les banques commerciales nationales peuvent être encouragées à investir dans des projets locaux et des entreprises nationales, favorisant ainsi le développement économique du pays.
  • Soutien aux secteurs prioritaires : Les gouvernements peuvent utiliser des banques commerciales nationales pour promouvoir des secteurs d’activité spécifiques considérés comme stratégiques pour le pays, tels que l’agriculture, l’industrie, l’énergie, etc.
  • Contrôle des capitaux : Dans certains pays, les banques commerciales peuvent jouer un rôle dans le contrôle des mouvements de capitaux transfrontaliers pour maintenir la stabilité financière.
  • Souveraineté financière : Posséder des banques commerciales nationales permet de maintenir une certaine indépendance financière vis-à-vis des acteurs étrangers. Cela peut être important pour des raisons de sécurité économique.
  • Stabilité financière : Les banques commerciales nationales peuvent jouer un rôle de tampon en cas de crise financière mondiale, en maintenant un soutien financier local lorsque les banques étrangères se retirent.

Il convient de noter que la structure du système bancaire varie d’un pays à l’autre en fonction de ses objectifs économiques et de ses préoccupations spécifiques. Certains pays favorisent la présence de banques étrangères sur leur territoire pour stimuler la concurrence et favoriser l’investissement étranger, tandis que d’autres privilégient la propriété nationale pour des raisons de sécurité financière et de contrôle. La façon dont un pays aborde cette question dépend de sa politique économique, de son contexte historique et de ses priorités nationales.

4. Que peut faire le gouvernement pour remédier à cette situation ?

–  Réforme réglementaire et de surveillance : Renforcer les réglementations et les mécanismes de surveillance pour garantir la stabilité financière et minimiser les risques systémiques. Cela peut inclure l’adoption de normes internationales en matière de réglementation financière et le renforcement des organes de réglementation et de surveillance financière.

– Stimulation de l’investissement : Mettre en place des politiques qui encouragent l’investissement, tant national qu’étranger, dans des secteurs économiques clés. Cela peut inclure des incitations fiscales, des infrastructures améliorées, et la simplification des procédures administratives.

– Promotion de l’éducation financière : Améliorer l’éducation financière de la population pour qu’elle comprenne mieux les services bancaires, l’épargne et les investissements, et prenne des décisions financières plus éclairées.

– Développement des infrastructures financières : Investir dans des infrastructures financières modernes, y compris les systèmes de paiement électronique, les services bancaires en ligne et les technologies de pointe pour renforcer l’accès aux services financiers.

-Soutien aux petites et moyennes entreprises (PME) : Mettre en place des programmes de soutien aux PME, telles que des prêts à taux préférentiels, des formations en gestion, et des incitations à l’innovation, pour stimuler la croissance économique et la création d’emplois.

– Diversification économique : Encourager la diversification de l’économie pour réduire la dépendance à l’égard de secteurs économiques vulnérables. Cela peut impliquer la promotion de nouvelles industries et la réduction de la dépendance à l’égard des matières premières.

– Politiques monétaires appropriées : La banque centrale peut ajuster les taux d’intérêt et d’autres instruments de politique monétaire pour atteindre des objectifs macroéconomiques, tels que la stabilité des prix et la croissance économique.

– Soutien aux institutions financières locales : Encourager le développement et le renforcement des banques et des institutions financières locales pour favoriser la concurrence et l’accessibilité des services financiers.

–  Lutte contre la corruption et la fraude : Mettre en place des mesures efficaces de lutte contre la corruption et la fraude, car ces problèmes peuvent miner la confiance dans le système financier.

– Participation à des accords internationaux : Collaborer avec d’autres pays pour élaborer des normes et des réglementations internationales qui favorisent la stabilité financière et la coopération économique.

En conclusion, un pays peut prendre diverses mesures pour remédier aux problèmes liés à son système bancaire ou à sa structure économique. Ces mesures peuvent inclure des réformes réglementaires, des politiques de stimulation de l’investissement, des programmes d’éducation financière, des initiatives de soutien aux entreprises locales, la diversification économique, des politiques monétaires appropriées, la lutte contre la corruption, et bien d’autres. Le choix des actions dépendra des circonstances spécifiques du pays et de ses objectifs économiques.

Il est important de noter que la résolution de ces problèmes peut prendre du temps et nécessiter une approche globale et coordonnée. Les gouvernements, les institutions financières et d’autres acteurs économiques doivent souvent travailler ensemble pour mettre en œuvre des réformes efficaces et durables. En fin de compte, l’objectif principal est généralement d’assurer la stabilité financière, de stimuler la croissance économique et de favoriser le bien-être de la population.

WASHE ONGANGA RODRIGUES,
Expert en gestion des risques, MBA candidate
Analyste Crédit senior


[1] GHAZOUANI Kamel, Politique économique, les instruments, Cours destiné aux élèves de l’ENA de Tunis

CSP & Administrateurs Conseillers, IHEC cartage.

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