Par Mitterrand Masamuna, Expert en Économie
Date : 20 octobre 2023
Lors des assemblées annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), qui se sont tenues du 9 au 15 octobre à Marrakech, Maroc, une révision significative des perspectives économiques de l’Afrique subsaharienne a été dévoilée. Cette révision a mis en lumière une série de facteurs impactant la croissance économique de la région, apportant des éclairages essentiels sur les défis et opportunités qui se présentent.
Les experts du FMI ont abaissé la prévision de croissance économique moyenne des pays d’Afrique subsaharienne pour l’année 2023, la fixant à 3,3 %, en comparaison avec les 4 % enregistrés en 2022. Cette révision à la baisse, bien que notable, s’accompagne d’un espoir de rebond en 2024, avec une prévision de croissance de 4 %.
Il est à noter que ces nouvelles estimations se situent en deçà des prévisions antérieures faites en juillet dernier, lorsque le FMI avait annoncé une croissance de 3,5 % pour 2023 et de 4,1 % pour 2024. Cette révision à la baisse est attribuée à plusieurs facteurs conjoncturels, notamment l’impact négatif des chocs météorologiques, le ralentissement de l’économie mondiale, et les problèmes d’approvisionnement intérieur, particulièrement dans le secteur de l’électricité.
En se penchant sur quelques économies clés de la région, on constate des ajustements significatifs dans les prévisions de croissance. Au Nigeria, la croissance économique devrait passer de 3,3 % en 2022 à 2,9 % en 2023, avant de se redresser légèrement à 3,1 % en 2024. Cette révision à la baisse de 0,3 point de pourcentage pour 2023 est en grande partie attribuée à une production de pétrole et de gaz inférieure aux attentes, ainsi qu’à une inflation en hausse, consécutive à la suppression des subventions aux carburants et à la dévaluation du naira.
En Afrique du Sud, la situation est tout aussi complexe. La croissance économique, qui s’était élevée à 1,9 % en 2022, est prévue à 0,9 % pour 2023. La crise énergétique dans le pays constitue l’un des principaux facteurs de cette décélération. Cependant, il est important de noter que ces nouvelles prévisions, quoique en baisse, affichent une amélioration de 0,6 point de pourcentage par rapport aux estimations précédentes du FMI datant de juillet 2023, grâce à une réduction de l’intensité des pénuries d’électricité au deuxième trimestre.
En ce qui concerne l’Angola, les prévisions de croissance pour 2023 ont été drastiquement réduites de 3,5 % à 1,3 %. Les défis économiques auxquels fait face ce pays influencent grandement cette correction.
Cependant, toutes les nouvelles ne sont pas sombres. Le FMI prévoit que l’économie kényane accélérera sa croissance pour atteindre 5 % en 2023, en comparaison avec les 4,8 % enregistrés en 2022. Ceci, malgré des coupes budgétaires significatives opérées par le gouvernement, dans un contexte où le service de la dette prend de l’ampleur. La Tanzanie et le Sénégal sont également positionnés pour enregistrer des taux de croissance plus élevés cette année, démontrant la résilience économique de ces nations.
Quant à la République Démocratique du Congo (RDC), les prévisions du FMI indiquent une croissance de 6,2 % attendue en 2023, en comparaison avec les 6,8 % initialement prévus. Cette révision à la baisse est attribuée au recul des cours mondiaux des produits miniers exportés par la RDC, illustrant l’importance de la conjoncture internationale sur l’économie de la région.
En ce qui concerne l’inflation annuelle moyenne en Afrique subsaharienne, elle est prévue à 16,2 % à la fin de cette année, un chiffre presque identique à celui enregistré à la fin de l’année 2022. Cependant, à l’échelle régionale, on anticipe une réduction de l’inflation moyenne pour l’année prochaine, qui devrait se situer à 10,5 %.
En somme, les perspectives économiques en Afrique subsaharienne présentent un tableau nuancé, marqué par des ajustements dans les prévisions de croissance. Les défis, tels que les chocs météorologiques, les problèmes énergétiques, et l’inflation, continueront de peser sur la région, mais des signes d’amélioration et de résilience se manifestent également. Il est impératif que les décideurs économiques de la région restent attentifs à ces évolutions pour élaborer des politiques appropriées et promouvoir la stabilité économique dans un contexte mondial en constante évolution.