Le rythme d’augmentation des prix en République démocratique du Congo reste maîtrisé en ce début mai. Selon les dernières données de la Banque centrale, le taux d’inflation hebdomadaire observé entre le 25 avril et le 2 mai 2025 est resté stable à 0,12 %, identique à celui enregistré la semaine précédente. Cette constance marque une période d’accalmie sur le marché intérieur, dans un contexte international toujours incertain.
Sur les douze derniers mois, l’évolution est plus frappante. Le taux d’inflation annuel est descendu à 9,83 %, contre 21,21 % à la même période en 2024. Un recul attribuable à une série de mesures économiques strictes : resserrement budgétaire, politique monétaire rigoureuse et coordination renforcée entre les autorités financières. La Banque centrale anticipe d’ailleurs une inflation de 8,1 % d’ici fin décembre 2025, un objectif ambitieux compte tenu des pressions extérieures.
L’indice des prix à la consommation reste principalement tiré par l’alimentation. Les produits alimentaires et boissons non alcoolisées ont contribué à 53,79 % de l’inflation hebdomadaire, en hausse par rapport à la semaine précédente (43,69 %). En revanche, d’autres catégories comme le logement, l’énergie, les transports, ou encore les services de restauration, hôtellerie et santé, ont ralenti leur progression, contribuant respectivement à 9,09 %, 16,42 % et 19,59 %.
Le ralentissement est également perceptible en cumul annuel, où l’inflation s’établit à 3,1 %, contre 4,8 % à la même période de l’année précédente. Un indicateur supplémentaire du fléchissement du rythme général des hausses de prix.
Malgré ce tableau relativement stable, la note de la Banque centrale alerte sur les tensions géopolitiques persistantes, notamment au Moyen-Orient et en Ukraine. Ces conflits ont des répercussions globales sur les chaînes logistiques et continuent de faire pression sur les coûts de production et d’importation. Une instabilité qui pourrait inverser la tendance si elle venait à s’intensifier.
Face à ces risques, plusieurs pistes sont mises en avant. L’une des priorités reste le maintien d’une politique monétaire restrictive, tout en assurant une coordination étroite avec les choix budgétaires. La Banque centrale recommande également de renforcer la surveillance des liquidités bancaires, d’accélérer les réformes structurelles et de favoriser les secteurs productifs tels que l’agriculture.
L’objectif est clair : améliorer la productivité intérieure, garantir la sécurité alimentaire et attirer des investissements dans les infrastructures clés, notamment les transports et l’énergie. La Banque mondiale y va de ses recommandations : rétablir la discipline budgétaire, créer un environnement attractif pour le capital privé, et libéraliser les échanges commerciaux.
L’impact de ces efforts commence à se refléter dans les statistiques. À la clôture de l’année 2024, l’inflation s’était déjà réduite à 11,69 %, contre 23,75 % une année auparavant. Ce recul s’explique par l’effet combiné des décisions du gouvernement : baisse des prix des carburants, suspension des droits de douane sur certains produits de base, contrôle renforcé des prix chez les commerçants.
Ces interventions ciblées ont permis de freiner la spirale haussière, sans compromettre les fondamentaux économiques. Si la tendance se confirme, la RDC pourrait consolider cette trajectoire vers une stabilisation durable du pouvoir d’achat, dans un contexte régional et international toujours vulnérable.
— M. KOSI