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Marché chinois bouleversé : BYD progresse de 40 % et relègue SAIC à la seconde place

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Depuis deux décennies, SAIC régnait en maître sur le marché automobile chinois, incarnant la stabilité et la puissance dans une industrie en perpétuelle évolution. Pourtant, un événement inattendu a bouleversé cet équilibre : BYD, pionnier des véhicules électriques, s’est hissé au sommet des ventes en devançant SAIC. Ce changement, qui semblait improbable il y a encore quelques années, témoigne d’une révolution silencieuse mais implacable dans les préférences des consommateurs chinois.

Avec près de 3,76 millions de véhicules vendus en onze mois, BYD affiche une croissance annuelle de 40 %, là où SAIC, en net recul, accuse une baisse de 19 %, totalisant 3,53 millions d’unités. Ce basculement est bien plus qu’une simple compétition entre deux marques ; il reflète une transition économique et technologique majeure, symbolisant l’essor des véhicules électriques sur un marché autrefois dominé par les modèles thermiques traditionnels.

Pour SAIC, ce coup porté est doublement significatif. Non seulement le constructeur perd son titre de leader qu’il détenait depuis près de vingt ans, mais il voit également son modèle historique mis à mal. Les filiales phares, telles que SAIC Volkswagen et SAIC-GM-Wuling, enregistrent des baisses de ventes marquées, conséquence d’une transition tardive vers les nouvelles technologies. En cinq ans, les volumes ont chuté de plus de 40 %, un recul vertigineux pour un géant de cette envergure.

Face à cette situation, SAIC a tenté de redresser la barre en misant sur des promotions massives et des rabais spectaculaires, atteignant parfois jusqu’à 80 % pour certains modèles. Si ces mesures ont permis une hausse temporaire des ventes en fin d’année, elles ont considérablement affecté la rentabilité du groupe, dont les bénéfices nets ont plongé de près de 39 % au troisième trimestre. Ces efforts témoignent de l’urgence ressentie par le constructeur, qui lutte pour maintenir sa position sur un marché de plus en plus compétitif.

Pendant ce temps, BYD continue de creuser l’écart. Avec une stratégie axée sur l’innovation et une capacité à répondre rapidement aux attentes des consommateurs, la marque s’impose comme un acteur incontournable. Son ascension met également en lumière la montée en puissance des marques locales chinoises, capables désormais de rivaliser avec les géants mondiaux. L’époque où les constructeurs étrangers dominaient largement le marché semble révolue.

Cependant, tout n’est pas perdu pour SAIC. Malgré ses revers, le groupe montre des signes de résilience. La marque IM, spécialisée dans les véhicules électriques haut de gamme, connaît une croissance fulgurante, avec des ventes en progression de plus de 106 % sur un an. Ce succès, bien que modeste en volume global, illustre le potentiel de renouveau pour un groupe qui cherche encore sa voie dans un marché en pleine mutation.

Les dirigeants de SAIC semblent désormais conscients de l’ampleur des défis. Lors d’une récente déclaration, le directeur général de SAIC Volkswagen a admis que le processus de développement du groupe restait trop rigide, incapable de suivre le rythme effréné des innovations dans l’industrie des véhicules électriques. Cette prise de conscience marque peut-être le début d’une transformation plus profonde, nécessaire pour retrouver une place de choix dans cette ère nouvelle.

L’année 2024 s’annonce cruciale pour mesurer la capacité de SAIC à se réinventer. Avec une concurrence de plus en plus féroce, le géant devra combiner innovation, rapidité et adaptation stratégique. Le marché automobile chinois, en constante évolution, ne laisse aucune place à l’immobilisme. Si SAIC parvient à relever ce défi, il pourra alors espérer écrire un nouveau chapitre de son histoire, plus en phase avec les attentes d’une société tournée vers l’avenir.

— Peter MOYI

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