Par Mitterrand Mass, Journaliste Économique
La Côte d’Ivoire fait face à une crise d’approvisionnement en sucre, soulevant des préoccupations quant à la stabilité des prix sur le marché local. Malgré les mesures de plafonnement prises par les autorités pour contenir l’envolée des prix, la rareté persistante suscite des interrogations parmi les acteurs économiques.
Retard de Production et Déficit Initial
La campagne sucrière 2023-2024 a démarré le 22 octobre, mais les résultats tardent à atteindre les niveaux de production escomptés. Sur les quatre usines opérationnelles, seules trois ont entamé la production, avec un retard significatif pour la quatrième unité de Sucrivoire à Borotou, prévue pour démarrer le 27 novembre, soit un écart d’un mois par rapport au calendrier initial.
Cette situation a entraîné une production nationale limitée à 10 000 tonnes, dont 7 000 destinées aux ménages et 3 000 aux industriels. Un premier indicateur des difficultés rencontrées par un pays dont la production locale ne couvre qu’une fraction de ses besoins.
« Ce lancement de la campagne sucrière devrait mettre fin à la situation de tension des stocks de sucre dans la distribution observée ces derniers temps, » souligne le communiqué de l’Association Interprofessionnelle du Sucre de Côte d’Ivoire (AIS-CI).
Tensions Mondiales et Impact sur les Prix
En parallèle, le marché mondial du sucre fait également face à des turbulences, avec le prix du sucre atteignant son plus haut niveau en douze ans. Cette tendance est attribuée à une diminution significative des exportations indiennes, le deuxième plus grand exportateur mondial, ayant expédié 11 millions de tonnes en 2022. La Thaïlande, troisième exportateur mondial, est également confrontée à une baisse de sa récolte, liée à des conditions météorologiques défavorables.
Avec une production nationale estimée à environ 200 000 tonnes en 2020, la Côte d’Ivoire reste déficitaire, la demande locale avoisinant les 240 000 tonnes. Cela contraint le pays à importer une partie de ses besoins, malgré les initiatives visant à renforcer la production nationale, en collaboration avec le gouvernement, pour atteindre 280 000 tonnes d’ici 2025.
Protectionnisme et Mesures de Stabilisation
La production sucrière locale, moins compétitive que les importations, est soumise à des mesures protectionnistes de la part du gouvernement ivoirien. Ces mesures visent à protéger un secteur vital qui génère des milliers d’emplois directs et indirects. L’importation pour combler le déficit du marché local est réservée exclusivement aux deux principales sociétés sucrières, Sucaf-CI et Sucrivoire.
L’AIS-CI exhorte les acteurs de la distribution à respecter rigoureusement les tarifs en vigueur et à renoncer aux pratiques spéculatives de rétention des stocks et d’augmentation injustifiée des prix de vente aux ménages. Une prise de position visant à stabiliser le marché local du sucre et à atténuer les effets de la pénurie.
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Mitterrand Mass, Journaliste Économique