Depuis le franchissement des 2 074 dollars, une résistance qui semblait bloquer l’évolution du prix de l’or durant plusieurs années, le métal précieux ne cesse de grimper depuis mars. Les investisseurs se demandent désormais si cette tendance peut se poursuivre, ou s’il est temps de s’attendre à une pause.
Nombreux sont ceux qui m’interrogent sur l’avenir du cours de l’or. À chaque fois, ma réponse reste inchangée : « une correction à court terme serait naturelle« . En effet, toute hausse rapide est souvent suivie par une période de consolidation, un phénomène que nous avons observé à plusieurs reprises cette année, notamment en avril et en mai.
Cependant, malgré quelques ralentissements, la tendance haussière n’a pas cessé de surprendre. Le mois de juillet a enregistré de nouveaux records, suivis par d’autres en août et septembre. Mais comment expliquer cette ascension de l’or ?
Des achats massifs orchestrés par la Russie
Un facteur clé dans cette dynamique est l’achat massif d’or par la Russie. Entre le 7 août et le 5 septembre 2024, le ministère russe des Finances a alloué 27 millions de dollars à l’acquisition du précieux métal. Selon l’agence Tass, la Russie compte intensifier ses achats en allouant 1,9 milliard de dollars supplémentaires entre septembre et octobre. Cet intérêt manifeste pour l’or a contribué à soutenir les prix au mois d’août, tandis que les perspectives pour les mois suivants s’annoncent tout aussi encourageantes.
La chine en toile de fond
L’impact de la Chine sur le marché de l’or est également notable. Des experts tels que Nigel Green, dans un article publié par Asia Times le 28 août, ont suggéré un mouvement de capitaux hors des actifs américains, possédés en grande quantité par les entreprises chinoises, estimés à près de 2 000 milliards de dollars. La baisse des taux directeurs aux États-Unis, initiée en septembre, a contribué à cette tendance, poussant de nombreux investisseurs chinois à se tourner vers l’or, un actif jugé plus sûr. Cette vague de capitaux pourrait, à terme, influencer les taux de change, avec une prévision d’appréciation du yuan de 10 %.
Influence des politiques monétaires des brics
Un autre élément à surveiller de près est la prochaine réunion des BRICS à Kazan, prévue pour fin octobre. Des analystes anticipent des annonces sur un système monétaire alternatif, basé sur un panier de devises de ces nations, adossé à l’or à hauteur de 40 %. Ce projet pourrait significativement impacter le marché de l’or, ajoutant un attrait supplémentaire pour les investisseurs à la recherche de sécurité dans un contexte monétaire global incertain.
La montée inexorable de l’or
Il est intéressant de noter que la progression de l’or ne s’accompagne pas encore d’une hausse similaire du prix de l’argent. Le ratio or/argent, actuellement à 1/85, reste déséquilibré par rapport aux standards historiques. Ce ratio pourrait évoluer si les BRICS décidaient de réévaluer la parité entre ces deux métaux, une décision qui dépendra probablement des réserves disponibles et des besoins économiques de ces nations.
En juillet, l’Inde a également abaissé ses droits de douane sur les importations d’or et d’argent, passant de 15 % à 6 %, ce qui a conduit à une forte augmentation de la demande. Les importations d’or en Inde ont triplé en août, atteignant 10 milliards de dollars, tandis que les importations d’argent se sont élevées à 1 332 tonnes, soit environ 47 millions d’onces.
Des perspectives haussières prudentes
Pour de nombreux observateurs, la question reste de savoir jusqu’où l’or pourrait grimper. Si l’on se réfère à la précédente grande hausse entre 1999 et 2011, certains estiment que nous pourrions assister à un schéma similaire. À cette époque, le prix de l’or avait triplé en trois ans. Si ce modèle se répétait aujourd’hui, avec un point bas à 1 626 dollars en 2022, l’or pourrait atteindre des sommets autour de 4 500 dollars.
L’histoire montre que l’or peut surprendre, mais il est essentiel de rester vigilant. Les fluctuations à court terme sont inévitables, mais les facteurs sous-jacents, notamment les politiques monétaires des grandes puissances et la demande croissante des banques centrales, laissent entrevoir des perspectives favorables pour le métal jaune.
Peter MOYI