La République Démocratique du Congo a dévoilé son projet de loi de finances pour l’année 2024, marquant une volonté affirmée de renforcer la stabilité financière du pays. Cette stratégie, détaillée dans le projet de loi n°23/056 du 10 décembre 2023, se concentre sur une hausse des recettes fiscales et une rationalisation des dépenses publiques afin de soutenir la croissance économique tout en stabilisant les finances de l’État.
Une augmentation prévue de 26,3 % des recettes publiques
Le projet de loi de finances de 2024 table sur un total de 40 986 milliards de CDF en recettes, soit une hausse de 26,3 % par rapport à l’exercice précédent. Cette dynamique de croissance repose principalement sur une augmentation des recettes internes et un meilleur recouvrement des taxes dans les secteurs stratégiques tels que les mines et les hydrocarbures. Le gouvernement congolais compte sur les principaux organismes fiscaux pour atteindre cet objectif.
Les recettes internes devraient ainsi représenter 22 786 milliards de CDF, soit environ 55,6 % des recettes totales. La Direction Générale des Impôts (DGI), par exemple, ambitionne de collecter 13 586 milliards de CDF, avec une progression marquée de 158,1 % par rapport à 2023. Cette augmentation découle d’une meilleure gestion des prélèvements fiscaux, notamment sur les bénéfices des grandes entreprises et les revenus salariaux.
Les secteurs minier et pétrolier, fers de lance des recettes publiques
Les activités minières et pétrolières continuent de jouer un rôle essentiel dans le budget de l’État congolais. Les recettes issues du secteur minier, estimées à 11 229 milliards de CDF, connaissent une hausse de 165,2 %. Quant aux revenus pétroliers, ils sont projetés à 615 milliards de CDF, enregistrant ainsi une progression de 161,9 %.
Les autorités comptent sur une meilleure exploitation des ressources naturelles, en particulier le cuivre et le cobalt, pour financer de nombreux projets de développement dans le pays. L’objectif est de diversifier les revenus de l’État, tout en soutenant les efforts de modernisation des infrastructures.
Des recettes extérieures en forte progression
Le soutien financier extérieur, quant à lui, affiche une augmentation de 58,7 %, totalisant 11 919 milliards de CDF. Bien que les appuis budgétaires connaissent une diminution drastique, les financements pour les projets d’investissements atteignent 11 446 milliards de CDF, en hausse de 130,8 %. Une part importante de ces fonds est dédiée à des secteurs clés comme l’énergie, les infrastructures et l’éducation.
Cette dynamique témoigne de la confiance renouvelée des partenaires internationaux, qui voient dans ces investissements une opportunité d’accompagner la RDC vers une plus grande stabilité économique et un développement durable. Le pays devra néanmoins faire preuve de transparence et de rigueur dans la gestion de ces fonds pour renforcer la crédibilité de sa politique économique.
Vers une diversification des sources de revenus
Le projet de loi de finances 2024 met également l’accent sur la diversification des sources de revenus. Outre les recettes fiscales classiques, le gouvernement cherche à élargir son assiette en exploitant davantage les revenus non fiscaux, les redevances administratives, ainsi que les amendes et pénalités. Cette volonté de diversification vise à réduire la dépendance de l’État congolais vis-à-vis du secteur extractif.
Ainsi, les impôts sur les biens et services, tels que la TVA et les droits d’accises, devraient rapporter 3 295 milliards de CDF, en augmentation de 21,2 % par rapport à l’exercice précédent. Le pays ambitionne ainsi de maximiser les contributions de chaque secteur d’activité, tout en optimisant les mécanismes de collecte fiscale.
En conclusion, le projet de loi de finances pour 2024 de la RDC s’articule autour d’une stratégie claire : augmenter les recettes, rationaliser les dépenses et diversifier les sources de revenus. Cependant, sa réussite repose sur une mise en œuvre rigoureuse des mesures annoncées et une gestion efficiente des ressources. Les défis demeurent nombreux, notamment la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale, mais une application cohérente de cette politique pourrait ouvrir la voie à une plus grande stabilité budgétaire et à un développement économique durable.