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RDC : Impératif de redéfinir les contrats d’exploitation des ressources naturelles

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Par Mitterrand Masamuna, Journaliste Économique

La République démocratique du Congo (RDC), nation riche en ressources naturelles, est confrontée depuis des décennies à une problématique qui suscite des interrogations profondes. Les spoliations incessantes de ses ressources naturels ont fait l’objet de multiples enquêtes et investigations. Ces démarches éclairantes ont mis en lumière non seulement les actes de vol perpétrés, mais également le déséquilibre flagrant qui caractérise les contrats englobant directement l’État congolais.

Ces derniers temps, un contrat d’exploitation suscite une attention accrue : celui conclu il y a 15 ans entre le gouvernement de l’administration Kabila et un consortium d’entreprises chinoises, connu sous le nom de GEC, qui a engendré la création de la joint-venture SICOMINES. Dès l’origine, ce pacte sino-congolais stipulait la cession de gisements de cobalt et de cuivre aux entreprises chinoises en échange d’investissements massifs dans les infrastructures du pays. Toutefois, à l’heure actuelle, ce contrat est largement perçu à Kinshasa comme « préjudiciable aux intérêts nationaux. »

La récente publication du rapport de l’Inspection Générale des Finances (IGF), dévoilant de multiples irrégularités de la part de la partie chinoise, ainsi que les résultats d’audits internes et externes menés sous l’égide de la présidence congolaise, ont déclenché une levée de boucliers. Désormais, plusieurs voix s’élèvent pour réclamer une révision en profondeur, voire l’annulation pure et simple de ce contrat controversé.

Lors d’un entretien exclusif accordé à MINES.CD, Jean-Pierre Okenda, analyste chevronné spécialisé dans la gouvernance des industries extractives en RDC, qui suit de près ce dossier depuis plusieurs années, a dévoilé sa vision éclairée. Il a exposé que les problèmes auxquels la RDC est confrontée avec ce qui est désigné comme le « contrat du siècle » – une situation qui n’est pas propre à la nation congolaise – trouvent leur source dans les processus de négociation de ces contrats.

Dans ses propos, il a souligné la technicité et la complexité inhérentes à ces négociations, des considérations qui transcendent les frontières nationales. Les enjeux qui entravent le Congo sont, en réalité, des enjeux partagés par de nombreux pays de l’Afrique subsaharienne en matière de négociations.

Jean-Pierre Okenda propose des solutions radicales pour mettre fin à l’exploitation abusive des ressources de la RDC au détriment de la population, plongée dans une pauvreté accablante. Il estime que le gouvernement doit adopter des mesures drastiques visant à mettre un terme à la fuite éhontée des richesses nationales.

« Il est temps, au Congo, de sanctionner sévèrement ceux qui négocient de façon déséquilibrée. Il est impératif de réprimer les signataires de contrats défavorables, et nous ne pouvons plus tolérer l’impunité qui règne alors que des accords inéquitables sont conclus », a martelé M. Okenda.

Il a également mis en exergue la présence de clauses léonines dans plusieurs contrats et a plaidé pour la rupture du cycle de l’impunité, de sorte que ceux qui négocient des accords préjudiciables aux intérêts nationaux ne puissent plus échapper aux poursuites judiciaires.

Ce débat autour de la renégociation des contrats d’exploitation en RDC prend une ampleur considérable, et il est essentiel d’adopter des mesures appropriées pour garantir que les ressources naturelles du pays profitent réellement à sa population. Les contrats d’exploitation doivent être équilibrés, transparents, et avant tout, conformes aux intérêts du Congo et de son peuple.

Les solutions ne seront pas aisées, mais elles sont indispensables pour le bien-être de la nation congolaise et pour l’intégrité de ses ressources naturelles.

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