La Banque Centrale du Congo (BCC) a clôturé l’année 2023 avec un résultat excédentaire de 250,5 milliards de Francs congolais (CDF), selon le dernier rapport publié et audité par le cabinet Ernst & Young. Ce bilan positif témoigne d’une résilience face aux défis économiques locaux et internationaux, marqués notamment par un ralentissement global qui a affecté la demande pour les ressources minières congolaises.
Le rapport fait état d’un total bilantaire s’élevant à 20.661,9 milliards CDF, affichant une progression notable par rapport aux 15.346,2 milliards CDF enregistrés l’année précédente. Cette croissance s’inscrit dans une dynamique de redressement et de solidité des finances publiques, malgré une conjoncture marquée par des tensions sur les devises et une inflation galopante.
En 2023, le taux de croissance de l’économie congolaise a atteint 8,6 %, une performance certes en baisse par rapport aux 8,9 % de 2022, mais qui reste significative au regard de la contraction du commerce mondial. Cette évolution a été accompagnée d’une hausse marquée de l’inflation, qui est passée de 13,1 % en 2022 à 23,8 % en 2023, conséquence de la pression sur la monnaie nationale et des fluctuations des prix des matières premières sur le marché international.
Le solde budgétaire, quant à lui, a progressé pour atteindre 3,2 % du PIB, contre 2,0 % en 2022, traduisant ainsi les efforts continus du Gouvernement congolais pour élargir l’assiette fiscale et optimiser la mobilisation des recettes intérieures. Des mesures telles que la modernisation de l’administration fiscale et le renforcement du recouvrement ont contribué à cet excédent budgétaire.
Sur le plan social, la gratuité de l’enseignement primaire et l’extension de la couverture santé universelle figurent parmi les initiatives phares de l’État. Ces réformes visent non seulement à soutenir le pouvoir d’achat des ménages, mais aussi à renforcer le capital humain, indispensable pour le développement à long terme du pays.
Cependant, le déficit commercial s’est creusé en raison de la baisse des prix des matières premières exportées par la RDC. La réduction de la demande mondiale pour le cuivre et le cobalt, principaux produits d’exportation du pays, a mis sous pression les réserves de change, conduisant à une dépréciation accrue de la monnaie nationale. Pour stabiliser cette situation, la BCC a dû ajuster sa politique monétaire en durcissant les conditions d’accès au crédit et en renforçant ses interventions sur le marché des changes.
Malgré ces turbulences, la BCC reste optimiste quant aux perspectives de croissance à moyen terme. Les prévisions tablent sur une accélération de l’activité économique, soutenue par des réformes structurelles et des investissements dans les secteurs porteurs tels que les infrastructures et l’agriculture.
La Banque Centrale souligne l’importance de maintenir une gestion rigoureuse des ressources publiques afin de garantir la stabilité macroéconomique et de protéger le pouvoir d’achat des ménages congolais. Les enjeux demeurent cependant nombreux, notamment en ce qui concerne la diversification de l’économie et la résilience face aux chocs externes.
En conclusion, la BCC a su faire preuve de solidité financière en 2023 malgré un environnement difficile. Les résultats obtenus, bien que satisfaisants, doivent être consolidés par des politiques macroéconomiques cohérentes et des mesures structurelles pour assurer une croissance durable. Le chemin reste semé d’embûches, mais la dynamique amorcée offre des perspectives encourageantes pour les années à venir.
— Peter MOYI