RDC : Le programme « 145 Territoires » en question, des fonds du FMI introuvables et des infrastructures abandonnées

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Dans la province du Kasaï, en République Démocratique du Congo, le complexe scolaire Laurent-Désiré-Kabila à Mweka, un projet phare du programme « 145 Territoires« , est aujourd’hui envahi par l’herbe. Livré à seulement 30% en 2023, ce projet symbolise un gaspillage flagrant des ressources. Valéry Madianga, chercheur au Centre de Recherche en Finances Publiques et Développement Local (CREFDL), tire la sonnette d’alarme : sur les 511 millions de dollars décaissés par le FMI, seuls 9 millions sont retracés dans les comptes publics. La question brûle : où est passé l’argent ?

Des chantiers à l’abandon, des équipements défectueux et des projets inadaptés

Au Kasaï central, aucune des 69 infrastructures promises n’a vu le jour après deux ans. Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), maître d’œuvre du projet, invoque des « problèmes d’accès ». Pourtant, des enquêteurs ont pu atteindre les sites en moto, révélant une réalité bien différente. Dans le Kongo Central, à Bibodi, les fondations du centre de santé s’effritent, et l’eau inonde le bureau de l’infirmier faute de gouttières. Le coût affiché pour cette infrastructure délabrée ? 200 000 dollars. Des établissements scolaires de six salles, équipés à 265 000 dollars, sont surfacturés alors que le Service national les construit pour 50 000 dollars. Madianga dénonce des coûts exorbitants, comme 30 000 dollars pour 120 bancs à 50 dollars pièce.

À Massimanimba, l’administrateur territorial montre des ordinateurs et imprimantes neufs mais inutilisables. L’énergie solaire installée ne supporte même pas une imprimante laser. Des maternités prévues pour 16 lits n’en contiennent que 6, sans matériel médical. Le centre de santé d’Assamouna voit ses consultations passer de 200 à 700 femmes, mais les moyens sont fictifs, résume une infirmière.

À Djuma, dans le Kwilu, un centre de santé a été construit à 1 km d’un hôpital général, alors que les routes étaient le besoin prioritaire. À Kamonia, dans le Kasaï, des écoles financées par l’UNICEF doublonnent avec le PDL, alors que la population réclame l’eau et l’électricité. Madianga regrette que Kinshasa ait décidé à la place des territoires.

Le rapport du CREFDL révèle un contournement systématique des règles. La Cellule de Financement de l’État (CFE) et le PNUD ont remplacé les services techniques des ministères de l’Éducation et de la Santé, pourtant habilités. Des paiements anticipés illégaux de 100 % des fonds ont été versés aux agences, contre 30 % maximum prévus par la loi. Le PNUD, immunisé contre les contrôles de la Cour des comptes, soulève des questions sur l’audit des sites comme Tshikapa, où rien n’existe.

Des chiffres clés, des sources et un appel à l’action

  • 7 % de rétrocommissions prélevés par le PNUD et la CFE sur les contrats (Conventions FMI-Gouvernement, 2022).
  • 65 % des infrastructures CFE livrées contre 0 % pour le PNUD au Kasaï (Rapport CREFDL, mai 2025).
  • 715 millions de dollars : montant total alloué par le FMI, dont 380 millions pour les routes jamais entamées.

Face à ce « fiasco« , le Centre lance la campagne « Mon argent, ma responsabilité » et demande la suspension immédiate du programme, la récupération des fonds non justifiés et le transfert des compétences aux provinces via la Caisse nationale de péréquation. La Cour de cassation a leur rapport, et si rien ne bouge, ces 145 territoires resteront des cimetières de béton et de dettes, alerte Madianga.

« Quand un centre de santé coûte 200 000 dollars sans matériel médical, que des écoles abandonnées poussent à Mweka, ce n’est pas du développement. C’est un mépris, » conclut Valéry Madianga, coordinateur du CREFDL.

– Rapport

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