L’inflation hebdomadaire en République démocratique du Congo est restée contenue à 0,16 % entre le 4 et le 11 avril 2025, selon la dernière note de conjoncture de la Banque centrale du Congo. Ce niveau, identique à celui observé la semaine précédente, témoigne d’une forme de stabilité des prix à court terme, dans un contexte économique encore marqué par des pressions extérieures et une reprise lente du pouvoir d’achat.
L’évolution annuelle permet une lecture plus éclairante. À la même période en 2024, l’inflation cumulée depuis janvier atteignait 4,09 %. Un an plus tard, ce taux s’est contracté à 2,68 %, traduisant une décélération perceptible de la hausse des prix. Cette tendance confirme les effets retardés de la politique monétaire restrictive menée par la BCC depuis le second semestre 2024, dont les mesures de resserrement visaient à contenir la dépréciation du franc congolais et à freiner l’augmentation des coûts à la consommation.
Sur un an, la modération est encore plus nette : le taux d’inflation en glissement annuel s’établit à 10,2 %, en recul marqué par rapport aux 21,3 % enregistrés en avril 2024. À noter que ce chiffre reste supérieur aux projections annuelles de la BCC, qui table sur un objectif de 8,1 % à l’horizon décembre. Un écart qui interpelle, même si les indicateurs conjoncturels laissent espérer un atterrissage maîtrisé au second semestre.
Les hausses de prix ne s’observent pas de façon uniforme. Plus de la moitié de la pression inflationniste globale (52,09 %) provient de la catégorie « produits alimentaires et boissons non alcoolisées ». Cette domination structurelle rappelle la forte sensibilité du panier de la ménagère aux fluctuations saisonnières, aux perturbations logistiques internes, mais aussi à la dépendance vis-à-vis des importations alimentaires. En comparaison, les dépenses liées au logement, à l’eau, à l’électricité, au gaz et aux autres combustibles représentent une contribution bien moindre, mais non négligeable (12,67 %), notamment en raison de la volatilité des tarifs d’électricité et du coût du gaz domestique, en grande partie indexé sur le marché international.
Comme le souligne le rapport hebdomadaire, cette tendance à l’accalmie pourrait être compromise si les tensions sécuritaires dans l’est du pays venaient à impacter les circuits de ravitaillement ou si la hausse du baril de pétrole, récemment repartie à la hausse, se confirmait sur la durée. D’autant que la fragilité de l’appareil productif local continue de peser sur la résilience structurelle du pays face aux chocs exogènes.
Dans un pays où « l’économie progresse comme un bateau sans rame sur un fleuve agité », pour reprendre une expression du magazine Jeune Afrique, chaque signal de stabilisation des prix reste un jalon, mais pas une garantie. L’attente se porte désormais sur la capacité de l’exécutif à contenir l’inflation sans freiner la relance, dans un environnement où l’investissement reste timide et la consommation des ménages affaiblie.
— M. KOSI