Trois accords financiers et un projet de réforme législative viennent de franchir une étape décisive à l’Assemblée nationale. Le ministre des Finances a détaillé devant les élus les contours d’un plan conçu pour alléger la pression budgétaire, améliorer les services essentiels et rétablir la réputation du pays auprès des partenaires internationaux. Montant global en jeu : plus de 516 millions de dollars américains. Un signal clair envoyé aux bailleurs et aux investisseurs à un moment où l’économie congolaise cherche à restaurer sa marge de manœuvre.
Deux financements distincts viennent appuyer la mise en œuvre du programme régional PREDIR, un partenariat entre la RDC et la République centrafricaine pour étendre l’accès à l’eau potable dans des zones historiquement oubliées. 30 millions USD seront mobilisés via le Fonds de l’OPEP et 16,6 millions USD supplémentaires par le Fonds africain de développement (FAD). Les localités concernées, notamment Badolite, Mbongo et Fiwa, bénéficieront de nouveaux réseaux d’adduction, censés réduire l’écart de couverture entre villes et milieux ruraux.

Autre dossier sensible abordé par le ministre : la dette pétrolière accumulée depuis 2009, année de la décision gouvernementale de geler les prix du carburant à la pompe. Ce choix, bien que socialement justifié, a engendré une dette massive de l’État vis-à-vis des compagnies d’importation. Pour éviter l’asphyxie du secteur et sécuriser l’approvisionnement, Kinshasa a contracté un prêt syndiqué de 469 millions USD auprès d’un groupe bancaire composé notamment d’Equity BCDC, Standard Bank, FBNBank et Ecobank. Un premier décaissement de 123,5 millions USD a été effectué en février 2024 ; un second, de 282 millions USD, est programmé prochainement. L’opération, renégociée avec les prêteurs, permettra au Trésor d’économiser 44,4 millions USD en intérêts et frais.
La troisième initiative défendue concerne la lutte contre le blanchiment de capitaux. Depuis son inscription en 2022 sur la liste grise du GAFI, la RDC fait face à des complications accrues dans ses relations bancaires internationales : contrôles renforcés, transferts ralentis, réticence des investisseurs. Pour en sortir, le gouvernement soumet au Parlement une révision de la loi n°22/068, avec plusieurs modifications clefs : élargissement des infractions liées au terrorisme, renforcement des sanctions ciblées et amélioration des échanges entre la Cellule de renseignement financier (CRF) et les autorités judiciaires. Une sortie de la liste grise est espérée d’ici mai 2025.
Les ordonnances-lois en question ont déjà été promulguées. Il ne reste plus qu’à les faire ratifier formellement par l’Assemblée nationale pour qu’elles prennent pleinement effet. Cette séquence institutionnelle traduit une volonté de rattrapage financier, dans un contexte où la RDC peine encore à rassurer sur sa gouvernance et sa capacité à honorer ses engagements. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : l’État avance sur un fil budgétaire, cherchant à conjuguer assainissement, crédibilité et réponse aux besoins sociaux les plus urgents.
— M. MASAMUNA