Le secteur minier en République Démocratique du Congo (RDC) continue de susciter des débats quant à l’impact réel de ses retombées économiques sur le développement local. Lors du dernier échange avec la presse organisé par le Cadastre Minier (CAMI), Kizito Pakabomba, Ministre des Mines, a abordé la question de la gestion de la dotation de 0,3 % allouée aux Entités Territoriales Décentralisées (ETDs) par les entreprises minières.
Une gestion de fonds à renforcer
Répondant aux préoccupations des journalistes concernant l’usage de cette dotation, le ministre a rappelé que ce mécanisme, bien que prévu par le Code minier, peine encore à répondre pleinement aux attentes des populations locales. « Le cahier des charges établi avec chaque entreprise minière doit pouvoir identifier et mettre en œuvre des initiatives concrètes dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’accès à l’énergie, afin de réduire l’impact négatif sur les communautés vivant autour des sites d’exploitation », a souligné Kizito Pakabomba.
Pour rappel, la dotation de 0,3 %, introduite lors de la révision du Code minier, vise à renforcer les capacités de développement des communautés directement affectées par les activités minières. Cependant, l’implémentation de ces fonds dans des projets à impact durable reste une priorité non encore atteinte. La coordination entre les parties prenantes, incluant les ETDs, le ministère des Mines et les représentants des communautés locales, est souvent pointée du doigt pour son manque d’efficacité.
Une dotation sous-utilisée malgré les opportunités
Le Ministre des Mines a également mis en avant la répartition de cette dotation, qui est supervisée par un comité constitué de représentants des entreprises, du gouvernement et de la société civile. « Il est essentiel que chaque franc de cette dotation soit utilisé de manière stratégique, en adéquation avec le plan de développement provincial pour éviter des micro-projets à faible impact et concentrer les efforts sur des initiatives structurantes », a-t-il précisé.
Les statistiques montrent qu’en 2023, sur les 12,7 millions de dollars générés par cette dotation, seulement 45 % ont été réellement investis dans des projets communautaires. Ce faible taux d’exécution reflète les défis administratifs et la méfiance persistante entre les communautés et les opérateurs miniers.
Défi de maximisation des recettes minières
Abordant la proposition de création d’une régie minière pour améliorer la collecte des recettes, Kizito Pakabomba s’est montré réservé, citant l’impact potentiel d’un nouvel organe sur les finances publiques. « La RDC est souvent épinglée pour la taille de son administration. Ajouter une régie supplémentaire pourrait alourdir les coûts de gestion, sans nécessairement améliorer l’efficacité de la collecte des recettes », a-t-il expliqué.
Le secteur minier contribue à près de 30 % des recettes totales de l’État congolais, mais la répartition de cette manne financière reste inéquitable. Les provinces minières telles que le Katanga et le Kasaï, malgré leur potentiel, affichent des niveaux de pauvreté bien au-dessus de la moyenne nationale. Cette disparité met en évidence la nécessité de revoir les mécanismes de redistribution et de suivi des fonds alloués aux ETDs.
Une stratégie plus inclusive pour le développement
Le ministre a insisté sur l’importance d’une collaboration étroite entre les ETDs et les autorités provinciales pour assurer une cohérence des projets financés par cette dotation de 0,3 %. « Il est crucial que les ETDs disposent d’un plan de développement local bien défini, aligné avec les priorités provinciales et nationales, afin de maximiser l’impact de ces ressources et de garantir un développement durable », a-t-il martelé.
Pour conclure, Kizito Pakabomba a rappelé que le secteur minier doit être un levier de transformation économique et non une source de frustration pour les communautés locales. Les fonds issus de la dotation de 0,3 % constituent une opportunité unique de générer un changement positif, à condition que leur gestion soit optimisée et que les projets soient porteurs de résultats tangibles pour les populations concernées.
Article signé par Peter MOYI.