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RDC : un budget trimestriel de 13,7 milliards $ face aux défis de mise en œuvre

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Le Plan d’Engagement Budgétaire (PEB) de la République démocratique du Congo pour le premier trimestre 2025 s’élève à 34 440 milliards de francs congolais, soit environ 13,7 milliards de dollars américains. Ce montant, qui exclut les dépenses financées par des ressources extérieures et celles des provinces, reflète les priorités financières du pays.

Les rémunérations du secteur public constituent une part importante de ce budget, avec une allocation de 10 132 milliards de francs congolais, représentant près de 30 % du total. Cette somme souligne l’importance de la fonction publique en RDC et les défis liés aux retards de paiement des salaires, un problème récurrent dans le pays.

Les investissements destinés aux provinces et aux entités territoriales décentralisées (ETD) suivent avec 4 117 milliards de francs congolais, tandis que les investissements sur ressources propres s’élèvent à 2 916 milliards. Ces montants témoignent d’une volonté de renforcer les infrastructures locales et de soutenir l’autonomie des régions.

La gestion de la dette publique est également prise en compte, avec 331 milliards de francs congolais alloués aux frais financiers et 1 780 milliards destinés à la rétrocession aux règles financières. Ces chiffres illustrent les efforts du gouvernement pour équilibrer ses comptes dans un contexte économique marqué par la volatilité des cours des matières premières, notamment le cuivre et le cobalt, qui représentent une part importante des recettes nationales.

Un aspect particulier du PEB concerne l’investissement lié à la cession d’actifs miniers dans le cadre d’un contrat avec la Chine, doté de 957 milliards de francs congolais. Ce partenariat stratégique avec Pékin, acteur majeur dans le secteur minier congolais, suscite toutefois des questions sur la transparence des accords conclus, un sujet qui préoccupe régulièrement les observateurs internationaux.

Il est à noter que le document budgétaire indique une absence d’engagements financiers au 7 janvier 2025, signalée par une colonne vide. Cette situation pourrait s’expliquer par des délais administratifs entre la publication du plan et le début effectif des dépenses. Cependant, elle interroge sur la capacité du gouvernement à exécuter un budget aussi ambitieux dans un délai aussi court, surtout dans un pays où les retards de mise en œuvre sont fréquents.

Avec un PIB estimé à 64 milliards de dollars en 2023, les engagements trimestriels de la RDC représentent environ 21,4 % de son PIB annuel. Une telle proportion soulève des doutes sur la soutenabilité de ce budget, d’autant plus que le pays dépend largement des revenus miniers, sujets à des fluctuations importantes. Une baisse des cours mondiaux du cuivre ou du cobalt pourrait ainsi compromettre l’équilibre financier du pays.

Enfin, bien que le PEB détaille les différentes rubriques de dépenses, il manque de précisions sur les mécanismes de contrôle et les indicateurs de performance. Par exemple, les dépenses exceptionnelles sur ressources propres, évaluées à 1 492 milliards de francs congolais, ne sont pas clairement définies, ce qui pourrait alimenter des craintes de mauvaise allocation ou de détournements.

En somme, ce plan budgétaire reflète les ambitions du gouvernement congolais en matière de stabilisation de la fonction publique, de développement des provinces et de gestion de la dette. Cependant, les défis liés à son exécution et à la transparence des dépenses nécessiteront une vigilance accrue pour garantir son succès. La diversification des sources de revenus et une gestion rigoureuse des fonds publics seront essentielles pour réduire la dépendance du pays aux secteurs extractifs.

— M. KOSI

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