La République Démocratique du Congo (RDC) se retrouve à nouveau sous les projecteurs économiques alors que le projet de loi sur la reddition des comptes pour l’exercice 2022 fait état de dépassements budgétaires abyssaux, atteignant un alarmant 28%.
Dans un communiqué public diffusé en ce vendredi 29 septembre 2023, l’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) émet un sévère blâme à l’égard de ces dérapages budgétaires effrénés qui semblent s’être enracinés dans la gestion des finances publiques depuis le départ de Joseph Kabila en janvier 2019.
L’ODEP souligne avec une certaine consternation que ces pratiques de dépassement budgétaire ont également infiltré les deux Chambres du Parlement, pourtant censées assurer la stricte conformité à la loi des finances.
« Le Parlement enregistre des taux de dépassement de 145% pour l’Assemblée nationale et de 184% pour le Sénat. Mais comment justifier ces excès lorsque ce sont précisément eux qui détiennent l’autorité budgétaire, votent le budget, et sont tenus de surveiller son exécution ? Le pays semble désespérément englouti dans une mer de 900 partis politiques et une multitude de candidats de tous niveaux, avides de profiter du chaos économique orchestré par la classe politique actuelle en RDC », dénonce l’ODEP dans ce communiqué signé par Florimond Muteba, président du Conseil d’Administration de cette organisation de la société civile.
Le scandale ne s’arrête pas là, ajoute l’ODEP, car la Cour des Comptes, l’organe supérieur de contrôle financier, est également touchée par cette épidémie budgétaire mortelle, avec un taux de dépassement de 126%.
Le Ministre des Finances, Nicolas Kazadi, dans son rapport, révèle que pas moins de 7 institutions et 22 ministères présentent des taux d’exécution budgétaire dépassant la barre des 100%. Parmi les coupables notables, on retrouve la Présidence de la République avec un effarant 190%, la Primature à 132%, l’Assemblée Nationale à 145%, le Sénat à 184%, le Secrétariat Général du Gouvernement à 257%, la CENI à 145%, et la Cour des Comptes à 126%. D’autres ministères, tels que les Affaires Étrangères à 401%, l’Intérieur et la Sécurité à 183%, la Défense et les Anciens Combattants à 249%, et l’Économie Nationale à 100,83%, sont tout aussi coupables.
Face à cette situation alarmante, l’Observatoire de la Dépense Publique formule des recommandations à l’attention du Président de la République, du Gouvernement, et de l’Assemblée Nationale, visant à améliorer la gestion des finances publiques.
Pour le Président de la République, il est suggéré :
- D’organiser un forum national sur la fragilité budgétaire afin de mieux appréhender la chaîne des recettes et des dépenses publiques.
- De prendre des mesures pour garantir le respect du circuit de la dépense publique et du plan d’engagement budgétaire au sein de son propre cabinet.
Quant au Premier Ministre, les recommandations incluent :
- La mise en place d’une informatisation complète de la chaîne des recettes publiques.
- La limitation de l’utilisation de la procédure d’urgence, en faveur du strict respect du circuit de la dépense publique.
- La surveillance rigoureuse des dépenses urgentes conformément au manuel des procédures et au circuit budgétaire.
La situation budgétaire de la RDC semble préoccupante, et des mesures drastiques devront être prises pour restaurer l’intégrité financière du pays. Les yeux sont maintenant tournés vers les autorités pour voir comment elles répondront à ces révélations choquantes de l’ODEP.