Le gouvernement congolais a récemment pris des mesures significatives en réduisant les prix du carburant à la pompe, dans le but de redonner un souffle économique aux ménages et aux acteurs du secteur privé. En effet, selon le décret conjoint émis par le ministère de l’Économie et celui des Hydrocarbures, le litre d’essence passe de 3 340 à 2 990,49 francs congolais, soit une diminution de 349,51 francs, correspondant à une baisse de 13 %. Pour le gasoil, le prix a chuté de 3 435 à 2 979,73 francs, représentant également une baisse de 13 %, effective depuis le 3 octobre 2024.
Cette réduction dépasse les estimations établies lors du huitième Conseil des ministres du 9 août dernier, qui tablaient sur une baisse maximale de 9,8 %. Cette décision résulte d’une conjonction de facteurs économiques, parmi lesquels l’appréciation légère du franc congolais par rapport au dollar américain. Ce raffermissement monétaire a notamment été influencé par la politique de la Réserve fédérale des États-Unis, favorisant ainsi la réduction des coûts des produits importés, y compris les carburants. L’initiative du gouvernement congolais s’inscrit également dans une stratégie plus large de stabilisation des prix de l’énergie, un facteur clé pour réduire les coûts de production des entreprises opérant dans le secteur industriel et minier.
Impact sur les secteurs économiques stratégiques : transport et production minière
Cette baisse des prix intervient dans un contexte où les coûts du carburant sont un déterminant nécessaires des dépenses de fonctionnement des entreprises, notamment dans les secteurs de l’exploitation minière et du transport. En République démocratique du Congo, les sociétés minières consomment d’importantes quantités de carburant pour leurs opérations de forage, d’extraction et de transport des minerais. Toute fluctuation du prix du carburant se répercute directement sur leurs coûts opérationnels, influençant ainsi la rentabilité des activités minières. Avec cette réduction, les opérateurs de ce secteur pourraient observer une baisse de leurs dépenses en carburant, ce qui pourrait se traduire par une meilleure compétitivité sur les marchés internationaux.
De plus, cette diminution du coût du carburant pourrait également avoir des retombées sur les coûts de transport des produits miniers vers les ports d’exportation. Le secteur minier, contribuant à près de 30 % du PIB du pays, pourrait ainsi bénéficier d’un effet d’entraînement sur l’ensemble de la chaîne de valeur, de la production à l’exportation. En parallèle, les entreprises de transport terrestre, qui supportent habituellement des charges lourdes en carburant, verront leurs coûts diminuer, offrant potentiellement des marges de manœuvre pour la stabilisation des prix des services de transport, voire une réduction des tarifs pour les consommateurs.
Une incidence modérée sur les ménages, mais des gains potentiels pour l’économie nationale
Bien que cette réduction de 13 % soit perçue positivement, les ménages n’ont pas encore pleinement ressenti ses effets, notamment dans les zones urbaines telles que Kinshasa. Plusieurs chauffeurs de taxi et opérateurs de transport estiment qu’il faudra du temps pour que cette baisse se reflète sur les prix des services de transport et, par extension, sur le coût de la vie. Toutefois, à long terme, cette politique de réduction pourrait alléger la pression inflationniste, notamment sur les biens et services dépendants des coûts énergétiques.
Le gouvernement prévoit d’autres ajustements dans les mois à venir, visant à étendre ces réductions à d’autres produits de consommation courante, notamment les denrées alimentaires, afin de maîtriser l’inflation. En 2024, l’objectif est de maintenir l’inflation en dessous de 11,5 %, un défi ambitieux dans un environnement économique marqué par des pressions internes et externes.
À noter que les taxes représentent 25 % du prix final du carburant. Le gouvernement pourrait envisager des ajustements fiscaux supplémentaires afin d’amortir les variations des prix mondiaux du pétrole. Une telle stratégie permettrait de protéger l’économie nationale des fluctuations imprévisibles du marché international, stabilisant ainsi les prix pour les consommateurs locaux.
Dans l’ensemble, cette mesure d’allègement des prix à la pompe constitue un pas important vers l’amélioration du climat des affaires en RDC, favorisant ainsi un environnement plus propice à l’investissement, particulièrement dans les secteurs minier et énergétique. Si les baisses prévues se poursuivent et que le franc congolais continue de se stabiliser, le pays pourrait connaître une amélioration significative de sa compétitivité régionale.