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Secteur bancaire en RDC : Rawbank et EquityBCDC face à des défis inédits avec des actifs en forte hausse

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En 2023, le secteur bancaire de la République Démocratique du Congo (RDC) a connu des évolutions notables, avec des performances divergentes entre Rawbank et EquityBCDC, deux principaux acteurs du marché. Rawbank a enregistré une augmentation significative de ses actifs, atteignant 5,06 milliards USD contre 4,22 milliards USD l’année précédente, marquant ainsi une hausse de 20 %. Cette croissance est attribuable à l’expansion de son portefeuille de crédits, notamment pour les grands projets miniers et les PME, ainsi qu’à une base de dépôts renforcée, atteignant 3,94 milliards USD. La banque continue de jouer un rôle majeur dans le financement des grands projets miniers et des initiatives d’innovation digitale.

En contraste, EquityBCDC a vu ses actifs atteindre 10,575 milliards CDF (environ 3,947 milliards USD), avec une croissance plus modérée de 11 % par rapport à l’année précédente. Cette évolution reflète une consolidation progressive, particulièrement dans les régions Sud et Ouest de la RDC. EquityBCDC a élargi son réseau d’agences et diversifié ses offres, avec un soutien accru aux PME et aux projets publics.

Les réformes réglementaires mises en œuvre par la Banque Centrale du Congo (BCC) ont eu un impact majeur sur les stratégies des banques en 2023. La BCC a considérablement augmenté son taux directeur, le faisant passer de 8,25 % à 25 %, pour contrer une inflation élevée de 23,8 %. Cette hausse a directement affecté le coût du crédit, en particulier pour les secteurs minier et agricole, domaines clés pour Rawbank et EquityBCDC. Les banques ont dû adapter leurs politiques de prêt pour gérer les effets de ces nouveaux taux sur leurs portefeuilles.

En outre, la BCC a modifié le coefficient de réserve obligatoire pour les dépôts en monnaie nationale, le faisant passer de 0 % à 10 %. Cette mesure vise à encourager la dédollarisation en incitant les banques à proposer davantage de crédits en francs congolais (CDF). Rawbank a commencé à diversifier ses produits pour se conformer à ces nouvelles exigences, tandis qu’EquityBCDC a maintenu une proportion significative de ses dépôts en devises étrangères tout en ajustant ses offres en CDF pour suivre les nouvelles directives.

L’inflation élevée et la volatilité du taux de change ont constitué des défis importants pour le secteur bancaire congolais. L’inflation de 23,8 % a pesé sur le pouvoir d’achat des consommateurs et les coûts de financement des entreprises. Rawbank, axée sur les grands projets miniers, a dû gérer les impacts de la volatilité des prix des matières premières sur ses clients. EquityBCDC, avec une diversification plus grande, a renforcé ses provisions pour créances douteuses pour faire face à la hausse de l’inflation.

La dépréciation du franc congolais (CDF), qui est passé de 2 016,57 CDF/USD en 2022 à 2 679,60 CDF/USD fin 2023, a également affecté les opérations bancaires. Les coûts des transactions en devises étrangères ont augmenté, poussant les banques à diversifier leurs sources de financement et à adopter des stratégies de couverture contre les fluctuations du taux de change.

Les perspectives pour le secteur bancaire congolais suggèrent un avenir incertain. Rawbank continue d’afficher une croissance rapide grâce à ses investissements dans le secteur minier et ses innovations digitales, tandis qu’EquityBCDC privilégie une approche plus graduelle, avec une augmentation de 11 % de ses actifs et une croissance notable de 208 % de son résultat net, atteignant 102 millions USD. La banque mise sur la diversification de ses produits et services pour maintenir une croissance stable tout en consolidant sa position parmi les principaux acteurs du secteur.

L’avenir du secteur bancaire en RDC dépendra de la capacité des institutions financières à naviguer les réformes réglementaires, à gérer les risques économiques et à tirer parti des opportunités offertes par la dédollarisation. Si ces défis sont surmontés, le secteur pourrait connaître une phase de croissance durable, avec une consolidation autour des principaux acteurs.

M. KOSI

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