spot_imgspot_imgspot_img

10 000 houes pour le nord-kivu, mais les déplacés demandent des solutions durables

Partager

Le 27 décembre dernier, un geste symbolique a marqué la campagne agricole 2025 au Nord-Kivu : plus de 10 000 houes ont été remises aux coopératives paysannes par le Gouvernement central. Cette initiative, bien que porteuse d’espoir, illustre une fois encore les défis auxquels la région est confrontée, entre ambitions de relance agricole et instabilité sécuritaire persistante.

Pour Eric Kitsa Kalobera, conseiller principal du gouverneur en charge de l’Agriculture, cette dotation reflète la volonté des autorités de renforcer la production locale et de promouvoir l’autosuffisance alimentaire. Mais derrière cet effort, les réalités du terrain rappellent que les outils seuls ne suffisent pas à résoudre les problèmes structurels d’une région marquée par des années de conflits armés.

Au camp de déplacés de Kanyaruchinya, Theo Musekura, représentant des populations déplacées, ne cache pas son scepticisme. Il insiste sur la nécessité d’un retour à la paix, condition sine qua non pour permettre aux agriculteurs de retrouver leurs terres et d’assurer leur subsistance. « Sans sécurité, ces houes risquent de rester inutilisées, faute de champs accessibles », confie-t-il. En attendant des jours meilleurs, il plaide pour une aide financière supplémentaire afin de louer des parcelles et cultiver des produits à cycle court, comme les pommes de terre ou les amarantes, qui pourraient soulager temporairement la précarité alimentaire.

agricole

Dans les marchés de Goma, un autre aspect du problème se fait sentir. Les étals débordent de produits importés, témoins silencieux d’une économie locale affaiblie. Un commerçant déplore cette situation : l’insécurité freine les activités agricoles et contraint les consommateurs à se tourner vers des produits extérieurs, souvent plus chers et moins adaptés aux besoins locaux. Pour lui, il ne s’agit pas seulement de distribuer des outils, mais de garantir des conditions permettant aux agriculteurs de produire et de vendre.

La guerre d’agression qui a éclaté en 2022 continue d’imposer son empreinte sur tous les aspects de la vie dans le Nord-Kivu. La relance de l’agriculture, pourtant essentielle pour l’économie et la sécurité alimentaire, se heurte à des obstacles gigantesques. Si les houes reçues symbolisent une volonté de changement, les habitants, eux, attendent des mesures plus profondes pour transformer leur quotidien.

L’histoire de ces houes, simples outils agricoles, reflète une réalité complexe. Dans une région où les défis sont aussi bien économiques que sécuritaires, chaque geste compte, mais il faudra bien plus que des promesses et des dotations pour redonner aux populations déplacées l’espoir d’un avenir meilleur.

— M. MATUVOVANGA

En savoir +

A la Une