Le tribunal de grande instance de Bukavu a vu s’ouvrir, ce lundi 13 janvier 2025, un procès qui met en lumière des pratiques préoccupantes liées à l’exploitation des ressources naturelles. Trois ressortissants chinois, arrêtés en flagrance le 4 janvier, sont accusés d’activités minières illégales dans cette région du Sud-Kivu, riche en minerais mais souvent victime de gestion opaque.
Le dossier, lourd de sept chefs d’accusation, illustre la complexité d’un système où les infractions économiques se mêlent à des enjeux environnementaux. Selon le ministère public, ces individus sont impliqués dans l’achat illicite et la détention de minerais précieux, le blanchiment d’argent ainsi que le pillage des ressources naturelles. Ils sont également accusés d’avoir gravement perturbé la transparence indispensable au commerce des minerais, une situation aggravée par les impacts environnementaux de leurs activités.
Cette affaire fait suite à l’arrestation des prévenus, lors de laquelle d’importantes saisies ont été effectuées. Dix lingots d’or, désormais confiés au Centre d’expertise, d’évaluation et de certification des substances minérales précieuses (CEEC), et une somme de 400 000 dollars en liquide déposée à la Banque centrale du Congo, témoignent de l’ampleur des enjeux financiers en cause.
La procédure judiciaire a été accélérée par une directive du ministre de l’Intérieur, Jacquemin Shabani, qui a ordonné la transmission rapide du dossier au procureur général et exigé une transparence totale sur les circonstances de l’arrestation. Ce geste, perçu comme une volonté de lutte contre l’impunité, pourrait marquer un tournant dans la gestion des ressources naturelles de la région.
La communauté locale, quant à elle, reste divisée entre un sentiment de soulagement et des interrogations sur l’efficacité des mesures prises pour prévenir de telles infractions à l’avenir. Si ce procès est vu comme un signal fort, il rappelle également les défis persistants pour instaurer une gouvernance équitable et responsable des richesses naturelles.
— M. KOSI