Le cycle 2025-2029 du Fonds pour la consolidation de la paix en RDC vient d’être enclenché, avec un accent renforcé sur les causes profondes des conflits et la résilience communautaire. C’est à Kinshasa, dans les salons de l’hôtel Rotana, que le Vice-premier ministre Guylain Nyembo, accompagné de Bruno Lemarquis, Coordonnateur résident du Système des Nations Unies, a ouvert la première session du comité de pilotage conjoint. Ce 4ᵉ cycle du PBF (Peacebuilding Fund) redéfinit les priorités d’intervention sur le territoire congolais.
Trois axes principaux guideront les investissements pour les quatre prochaines années. D’abord, une révision des mécanismes de gouvernance liés à la prévention des conflits. Cela inclut une meilleure coordination institutionnelle et une implication accrue des autorités locales dans la gestion des tensions. Ensuite, un appui direct à la résilience des populations affectées, avec une approche spécifique sur les conflits provoqués par l’exploitation ou la répartition inégale des ressources naturelles, notamment minières et foncières. Enfin, un volet sécuritaire et judiciaire ciblé sur la protection des civils, l’accès à la justice — y compris la justice transitionnelle — et la gestion du retrait progressif de la MONUSCO.
Le Vice-premier ministre a souligné l’engagement sans faille du gouvernement dans cette nouvelle phase. "La restauration de la paix sur tout le territoire n’est pas une option, c’est une nécessité pour ouvrir la voie au développement durable", a-t-il affirmé, insistant sur la vision du Chef de l’État.
En parallèle du lancement, un bilan des cycles précédents a été dressé. Des provinces telles que le Tanganyika, le Kasaï, le Kasaï Central et le Sud-Kivu ont bénéficié de projets soutenus par le PBF. Ces interventions, quoique localisées, ont permis des avancées dans la stabilisation des zones à forte vulnérabilité. Les évaluations ont mis en lumière la nécessité d’un meilleur ancrage territorial des projets, avec une participation accrue des acteurs communautaires dans la définition des priorités.
Selon les chiffres du Bureau du Coordonnateur résident, le PBF a injecté entre 2021 et 2024 plus de 60 millions USD en RDC, avec une part importante allouée à des projets multi-acteurs sur les conflits intercommunautaires, la gestion des terres et les réinsertions post-conflit. Les responsables onusiens insistent désormais sur la consolidation des acquis, plutôt que la multiplication des actions dispersées.
Ce nouveau cycle intervient dans un contexte de transition post-MONUSCO, où les responsabilités sécuritaires reviennent progressivement aux forces congolaises. D’où l’accent mis sur les mécanismes nationaux, la décentralisation de la gestion des conflits et le renforcement du maillage institutionnel local.
L’objectif est clair : faire de la paix un socle durable pour la reconstruction économique. En toile de fond, se dessine aussi un enjeu budgétaire : sécuriser les ressources du PBF tout en améliorant leur efficience. Une partie du financement dépend encore des contributions volontaires des États membres. La RDC, par sa taille et ses vulnérabilités, reste l’un des pays les plus soutenus par ce fonds à l’échelle mondiale.
— M. KOSI.






