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7 000 à 14 500 FC : un doublement du SMIG qui ne convainc pas les travailleurs congolais

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L’annonce récente du réajustement du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) en République démocratique du Congo, de 7 075 FC à 14 500 FC, continue de susciter des débats au sein des milieux syndicaux et de la société civile. Si cette décision est perçue par certains comme une avancée, d’autres la considèrent insuffisante face aux besoins des travailleurs.

Henry-Paul Kanakana, président de l’organisation Transparence et Justice Sociale (TJS), n’a pas mâché ses mots à ce sujet. Selon lui, ce réajustement ne reflète en rien une véritable amélioration des conditions de vie des salariés. « C’est une illusion de progrès », a-t-il déclaré, soulignant que les attentes des travailleurs congolais vont bien au-delà de cette mesure. Kanakana rappelle qu’en 2014 déjà, le TJS plaidait pour un SMIG fixé à l’équivalent de 10 dollars américains, une revendication restée sans suite malgré son urgence.

Depuis des années, le salaire minimum en RDC est un sujet de tension, et les ajustements opérés par les autorités sont souvent critiqués pour leur faible impact réel. En 2017, le SMIG était fixé à environ 7 000 CDF, ce qui représentait alors 4,32 dollars américains. Aujourd’hui, même avec le doublement annoncé pour 2025, le montant converti en dollars peine à atteindre 5 USD, laissant les travailleurs dans une situation de précarité quasi identique. Pour Kanakana, ce n’est pas seulement une question de chiffres, mais aussi une question de dignité et de respect pour la masse laborieuse.

Lors de l’annonce officielle faite par le ministre du Travail et de l’Emploi, Ephraïm Akwakwa, cette décision a été présentée comme un « cadeau » du président Félix Tshisekedi aux travailleurs. Une déclaration qui a provoqué une vive réaction des syndicats, notamment du TJS. « Le gouvernement doit cesser de se réjouir d’une telle mesure qui, en réalité, ne change presque rien dans le quotidien des Congolais », affirme Kanakana, en appelant à une refonte globale de la politique salariale.

L’organisation TJS propose une solution ambitieuse : fixer le SMIG à 10 USD par jour, ce qui correspondrait à un revenu mensuel de 300 USD. Ce montant, selon eux, permettrait non seulement de redonner espoir aux travailleurs, mais aussi de réduire les inégalités sociales de manière significative. Ils estiment que cette mesure serait en phase avec les engagements constitutionnels de l’État, notamment l’article 36 qui garantit des conditions de travail équitables.

Pour les employés congolais, souvent confrontés à des conditions difficiles et à des rémunérations insuffisantes, cette revendication porte l’espoir d’un changement réel. Pourtant, la question reste entière : les autorités sont-elles prêtes à répondre à une telle demande et à aligner leurs politiques sur les besoins réels de la population ? À l’aube de 2025, les travailleurs attendent des actions concrètes qui dépassent les simples annonces.

— Peter MOYI

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