Félix Tshisekedi a officiellement écarté Jules Alingete de la tête de l’Inspection Générale des Finances (IGF), mettant fin à près de quatre années d’un mandat souvent percutant. À sa place, le Chef de l’État a porté son choix sur Bitasimwa Bahii Christophe, accompagné dans cette mission par Emmanuel Tshibingu Nsenga, comme second pilier de l’institution de contrôle financier. L’annonce, faite par Tina Salama dans la soirée du mardi, marque un changement significatif dans l’appareil de régulation budgétaire de la RDC.
Alingete avait été nommé en juillet 2020, dans un contexte où les finances publiques congolaises faisaient l’objet de nombreuses suspicions. Sous sa houlette, l’IGF s’est transformée en une structure redoutée, notamment grâce à des dossiers emblématiques ayant secoué le sommet de l’État. Celui des “100 jours”, lié au programme d’urgence présidentiel, a mis à nu les failles de la gestion publique, et contribué à la condamnation de Vital Kamerhe, ancien directeur de cabinet du président. Le scandale de Bukanga-Lonzo, un projet agricole de plus de 285 millions USD, est également à mettre à son actif, dans lequel l’ancien Premier ministre Matata Ponyo reste ciblé par la justice.
Dernièrement, c’est sur le ministre sortant des Finances, Nicolas Kazadi, que s’était porté l’attention d’Alingete. Dans le viseur, un contrat autour de l’installation de forages hydrauliques et lampadaires solaires dont la gestion opaque a suscité une enquête approfondie. Ces prises de position musclées lui ont valu autant d’éloges que d’inimitiés. Plusieurs voix dans les cercles politiques l’ont accusé de cibler sélectivement certaines figures, nourrissant des tensions au sein de la majorité présidentielle.
Avec l’arrivée de Bitasimwa Bahii, une page se tourne. Peu connu du grand public, le nouveau chef de l’IGF devra prouver son indépendance et sa capacité à maintenir le cap de la transparence budgétaire, dans un contexte économique tendu où le budget 2025 affiche une prévision de plus de 40 milliards de dollars, un record pour le pays. Les regards seront tournés vers la capacité de la nouvelle équipe à préserver les acquis en matière de discipline financière, tout en évitant les interférences politiques.
Ce remaniement intervient à quelques mois d’un remaniement gouvernemental attendu, et pourrait traduire un repositionnement stratégique du président Tshisekedi dans sa gestion des institutions de contrôle, à l’approche de nouvelles échéances budgétaires.
— M. KOSI