Buenassa Resources place des experts congolais à la tête de la première raffinerie de cuivre-cobalt du pays

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Buenassa Resources

Buenassa Resources vient de constituer son conseil d’administration pour diriger la première raffinerie de cuivre-cobalt détenue et gouvernée par des Congolais. Ce choix, inédit dans l’industrie minière du pays, marque une rupture avec la tradition d’un secteur dominé par des groupes étrangers. Le gouvernement congolais, désormais actionnaire stratégique à hauteur de 10 %, entend peser sur l’ensemble de la chaîne de valeur, de l’extraction à la transformation.

Cap sur la création de valeur au pays

La RDC produit actuellement près de 70 % du cobalt mondial et figure parmi les cinq plus grands producteurs de cuivre. Pourtant, plus de 80 % de ces minerais quittent le pays sous forme brute, avec une faible part des retombées économiques captées localement. En installant un complexe de raffinage national, Buenassa Resources vise à changer la donne : il s’agit de transformer sur place les minerais critiques et d’augmenter la part de la valeur ajoutée nationale, à l’heure où la demande mondiale pour le cuivre et le cobalt explose sous l’effet de la transition énergétique.

À la tête du conseil d’administration, Samy Badibanga, ancien Premier ministre et acteur central des réformes minières, sera entouré de profils issus des secteurs de l’industrie, de la finance et de la diplomatie économique. On retrouve notamment Eddy Kioni, multi-entrepreneur à la manœuvre, le Dr Marie-Paule Donsimoni-Bupp, économiste formée à Harvard, ainsi que Didier Tshidimba, expert en stratégie industrielle, et Henri Désiré N’Zouzi, spécialiste du dialogue entre l’Afrique et la diaspora. Deux représentants de l’État s’ajouteront prochainement, consolidant l’ancrage public de la structure.

Sur le plan technique, la raffinerie promet une capacité initiale de traitement de plusieurs dizaines de milliers de tonnes de cuivre et de cobalt par an, ce qui pourrait, selon des sources internes, générer plusieurs milliers d’emplois directs et indirects sur le sol congolais. Cette démarche s’inscrit dans la nouvelle orientation de la politique minière congolaise, qui cherche à maximiser les revenus fiscaux et l’emploi local, tout en améliorant la transparence du secteur. Selon la Banque mondiale, l’industrialisation locale de la filière pourrait doubler les recettes publiques issues des exportations minières d’ici cinq ans.

L’enjeu environnemental n’est pas oublié : Buenassa s’engage à intégrer des standards internationaux de gestion des déchets et de réduction de l’empreinte carbone, alors que les exigences des marchés européens et asiatiques se durcissent.

L’initiative s’inscrit dans la vague de « local content » voulue par Kinshasa, alors que la compétition mondiale autour des métaux stratégiques s’intensifie. À ce titre, le modèle Buenassa sera observé de près, notamment par les bailleurs internationaux et les partenaires industriels cherchant à sécuriser leurs approvisionnements tout en respectant les nouvelles règles d’origine et de durabilité.

— Peter MOYI

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