Au cœur de l’économie congolaise, la dette publique connaît une escalade notable, frôlant le seuil critique de la totalité du Produit Intérieur Brut (PIB). À la clôture de l’année 2023, le volume de cette dette s’est élevé à 8 497,28 milliards de Francs CFA, équivalant à environ 14,27 milliards de dollars, révèle le dernier bulletin de la Caisse congolaise d’amortissement (CCA). Cette somme représente 98,96% du PIB du Congo, marquant une augmentation par rapport au ratio de 93,77% enregistré à la fin de 2022. Une telle ascension soulève des inquiétudes, surtout lorsque l’on considère le plafond de 70% recommandé par la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), mettant en lumière une situation d’endettement critique.
Le rapport de la CCA met en avant la composition de cette dette, dominée par les obligations domestiques qui ont vu leur volume croître de 16,43% sur une base annuelle pour atteindre 5 017,5 milliards de Francs CFA, soit 59% de l’ensemble du portefeuille de dette. En parallèle, la dette extérieure a légèrement diminué, s’établissant à 3 479,4 milliards de Francs CFA, avec une portion significative détenue par la Chine.
Le document met également en évidence un niveau préoccupant d’arriérés, avec 2 390 milliards de Francs CFA d’arriérés domestiques, incluant 629 milliards de Francs CFA d’arriérés commerciaux et 565 milliards de Francs CFA d’arriérés sociaux, ainsi que 299 milliards de Francs CFA d’arriérés extérieurs pour l’année 2023.
Face à cette montée de l’endettement, le gouvernement congolais a élaboré une stratégie à moyen terme visant à équilibrer ses comptes. Cette stratégie prévoit le paiement progressif des arriérés et une réduction de la demande de financement sur le marché local. En 2024, l’exécutif se verra limiter à une levée de fonds de seulement 100 milliards de Francs CFA via le marché des titres publics, ce qui représente une diminution drastique de 70% par rapport à l’année précédente.
Pour couvrir son déficit, le Congo mise sur une hausse des revenus issus de l’exploitation des hydrocarbures, en particulier du gaz, dont le pays a commencé l’exportation cette année. Sur le front international, Brazzaville s’engage à solliciter des financements extérieurs principalement sous forme de prêts concessionnels. De plus, une préférence sera accordée aux emprunts en euros, monnaie liée au Franc CFA par une parité fixe, afin de minimiser les risques liés au taux de change.
Par L’ÉDITORIAL