La République démocratique du Congo a signé fin octobre 2025 un protocole d’accord avec Sun Africa pour lancer « Energy for Prosperity ». L’objectif annoncé atteint 4 000 MW en combinant solaire, hydroélectricité et stockage. Le programme inclut le renforcement des lignes haute et moyenne tension, indispensable à la qualité d’alimentation et à l’acheminement vers les sites miniers et industriels. À titre de repère, la capacité installée du pays était de 3 646,5 MW en 2024 (ARE) : la cible équivaut à plus qu’un parc actuel. Les paramètres opérationnels clés — localisation des centrales, phasage et schéma de financement — restent à préciser.
Production décarbonée, stockage et transport : les conditions pour délivrer l’énergie promise
Le mix solaire–hydro avec stockage vise à lisser l’intermittence et à sécuriser la puissance appelée sur les heures de pointe. Le volet transport doit réduire les pertes techniques et améliorer la stabilité de fréquence/tension, points sensibles sur un réseau étendu avec de longues portées. Pour la filière minière, forte consommatrice, l’enjeu immédiat est la prévisibilité de l’approvisionnement, sinon les opérateurs maintiennent des solutions thermiques coûteuses.
Côté économie du projet, la bancabilité repose sur des contrats d’achat d’électricité clairs, une structure tarifaire couvrant CAPEX/OPEX et une chaîne de paiement fluide pour préserver la liquidité de l’opérateur. L’extension du réseau implique un dimensionnement fin des postes, des interconnexions et des protections pour éviter les déclenchements en cascade. La réussite passe par l’arrimage entre sites de production, corridors miniers et centres urbains, avec des mises en service par tranches afin de générer des recettes rapidement et d’abaisser le coût moyen par kWh livré.
Sun Africa se présente comme développeur d’énergies renouvelables et d’électrification hors réseau. Ses réalisations ou projets se situent entre 25,4 et 370 MW, avec un ancrage en Angola, et des initiatives en Nigéria et Namibie. L’entreprise, basée à Miami, a annoncé en août 2024 son rôle de « nouveau partenaire privé » de Power Africa, avec une cible continentale allant jusqu’à 6 500 MW et plus de 8 millions de raccordements. Ces références donnent un ordre de grandeur de sa capacité d’exécution sur des portefeuilles multi-sites.
Pour la RDC, 4 000 MW appuyés par un réseau modernisé modifieraient la structure de coûts des industriels, amélioreraient les marges et élargiraient la base fiscale via la hausse de la production formelle. La clé réside dans un calendrier réaliste, une coordination étroite entre le développeur, le régulateur et l’opérateur public, et une attention continue à la qualité de facturation afin de limiter les déficits d’exploitation liés aux pertes et aux impayés.
— Peter MOYI






