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Exploitation minière au Sud-Kivu : la colère gronde contre les abus étrangers

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À Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu, la frustration de la population face à l’exploitation illégale des ressources minières par des entreprises étrangères, souvent à capitaux chinois, ne cesse de croître. Lors d’une manifestation pacifique organisée cette semaine, des voix se sont élevées pour dénoncer un pillage systématique des richesses locales.

« Nos minerais sont enlevés sous nos yeux alors que nos routes sont impraticables et que la pauvreté règne partout », s’est indignée Néné Bintu, présidente du Bureau de la coordination provinciale de la société civile du Sud-Kivu. Ce cri du cœur résume un sentiment d’abandon ressenti par des milliers d’habitants qui voient les richesses de leur terre profiter à d’autres, bien loin de chez eux.

Les tensions autour de l’exploitation minière ne datent pas d’hier. En décembre dernier, dix-sept ressortissants chinois avaient été arrêtés à Walungu, une région clé pour l’extraction de minerais, avant d’être expulsés vers leur pays d’origine par la Direction générale des migrations. Cette expulsion, orchestrée sans l’implication des autorités provinciales, a suscité des interrogations sur la gestion de ces cas sensibles. Plus récemment, trois autres citoyens chinois ont été interpellés dans la même région. Avec eux, les services de sécurité ont mis la main sur une somme colossale de 800 000 dollars et douze lingots d’or, preuve tangible de l’ampleur des activités illicites.

Le gouverneur de la province, Jean-Jacques Purusi Sadiki, a promis que l’argent saisi sera réinjecté dans des projets locaux pour répondre aux besoins urgents des populations. Mais cette annonce a laissé sceptiques certains observateurs qui pointent un manque de suivi et de transparence dans la gestion de ces fonds.

Pour la société civile, ces arrestations, bien qu’importantes, ne suffisent pas à résoudre le problème de fond. Le Sud-Kivu, riche en minerais stratégiques, reste vulnérable face à des réseaux internationaux bien organisés. Le sentiment d’injustice s’enracine davantage lorsque les habitants, eux, peinent à accéder aux services de base et voient leurs infrastructures se dégrader.

Au-delà des arrestations, c’est une réforme globale du secteur minier qui est attendue. Des contrôles plus rigoureux, une implication réelle des autorités locales et une redistribution équitable des bénéfices sont parmi les revendications portées par la population. Ce n’est qu’à ce prix que les richesses du Sud-Kivu pourront devenir un levier de développement, plutôt qu’un motif de désespoir.

— M. KOSI

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