Rétablissement économique majeur, L’Afrique centrale restaure 25 millions d’hectares de forêts
Par Mitterrand Masamuna, Journaliste économique
Brazzaville, République du Congo – Lors du sommet historique des trois bassins forestiers à Brazzaville, un récent rapport de la Banque mondiale a fait état d’une réalité alarmante : entre 1970 et 1990, 70% des espèces animales ont été décimées. Plus inquiétant encore, si des mesures concrètes ne sont pas rapidement prises, 80% des espèces animales connaîtront un destin similaire.
Ces chiffres alarmants sont liés à la disparition constante de près de 600 millions d’hectares de forêts chaque année, un phénomène qui contribue de manière significative à l’augmentation des températures, aux vagues de sécheresse, aux intempéries et aux cycles d’incendies.
Au sein de la Commission des forêts de l’Afrique centrale (COMIFAC), les États membres ont entrepris un effort colossal en restaurant 25 millions d’hectares de forêts, dont 5,8 millions d’hectares ont déjà obtenu une certification.
Depuis la tribune du sommet des trois bassins forestiers à Brazzaville, le Président burundais, Evariste Ndayishimie, actuel Président en exercice de la COMIFAC, a annoncé fièrement que les États membres ont créé 208 aires protégées couvrant 800 000 kilomètres carrés.
Le Président Ndayishimie a souligné l’importance cruciale d’une alliance mondiale basée sur une coopération Sud-Sud pour garantir la conservation et la gestion durable du « premier poumon vert du monde ».
Malgré l’incalculable contribution de l’Afrique centrale à la santé de la planète, la région figure parmi les plus démunies sur le plan économique. À cet égard, le Président Ndayishimie a plaidé en faveur d’une aide au développement de la part de la communauté internationale.
« Nous réclamons un prix équitable pour les crédits carbone, tout en exhortant les pays riches et pollueurs à respecter leur engagement solennel de verser 100 milliards de dollars par an pour le financement climatique, » a déclaré le Président burundais.
L’Afrique ne bénéficie actuellement que de 2% des transactions sur les marchés carbone, d’où l’urgence d’augmenter les financements dédiés aux programmes d’atténuation et d’adaptation au changement climatique dans la région.
Le Président de la Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguema, a également souligné l’impératif pour la communauté internationale d’intervenir dans le financement de la lutte contre le réchauffement climatique.
Selon les données fournies par les institutions de Bretton Woods, l’Afrique ne reçoit qu’une maigre part de 5% de l’enveloppe globale consacrée aux fonds climat dans le monde. Pourtant, les bassins du Congo, de l’Amazonie et du Bornéo Mékong en Asie du Sud-Est représentent 80% des forêts tropicales mondiales, jouant un rôle stratégique dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Arlette Soudan-Nonault, Ministre du Développement durable et du Bassin du Congo de la République du Congo, a souligné la nécessité de corriger cette injustice entre les pays du Nord et du Sud.
Dans la déclaration finale du sommet de Brazzaville, les États des trois bassins des écosystèmes des forêts tropicales et de la biodiversité, parmi les plus vastes de la planète, ont appelé à la mobilisation financière et au développement de mécanismes de financement, à la fois traditionnels et novateurs.
Ces trois écosystèmes de biodiversité et de forêts tropicales, qui couvrent un tiers de la surface du globe et abritent plus de 1,5 milliard de personnes, dont de nombreuses populations autochtones, offrent d’importants services écosystémiques cruciaux pour l’humanité et le développement durable des sociétés qui y résident. Une lueur d’espoir brille dans la lutte pour la préservation de ces précieux écosystèmes, mais des actions concrètes et un soutien international sont désormais plus que jamais nécessaires.