Par Mitterrand Masamuna, Journaliste économique
Dans le récent rapport de l’Indice mondial de transparence des dépenses fiscales (GTETI) dévoilé le 9 octobre dernier, le Gabon se voit attribuer une place peu enviable, se classant au 22e rang en Afrique et au 89e rang mondial, affichant un modeste score de 32,9 %.
Ce résultat, à première vue décevant, repose sur une analyse minutieuse des divers critères évalués par le GTETI. Sur une échelle de 20 points, le Gabon a obtenu une note de 11,3 pour ce qui est de la mise en place d’un cadre institutionnel garantissant la transparence et la responsabilité, tandis qu’il a décroché 12/20 en ce qui concerne les données relatives aux recettes fiscales perdues et leur évaluation. Toutefois, il ne faut pas se laisser tromper par ces chiffres, car le tableau est loin d’être reluisant pour ce pays d’Afrique centrale.
En effet, lorsqu’on se penche sur les autres critères évalués dans le rapport conjointement publié par le Comité de politique économique de l’Union européenne (CPE) et l’Institut allemand pour le développement et la durabilité (IDOS), les lacunes du Gabon deviennent criantes. Les évaluations sont peu flatteuses, avec une note de 4/20 pour la qualité des informations relatives à la méthodologie des rapports, une autre note de 4/20 pour la mise à disposition publique des rapports fiscaux, et une note particulièrement basse de 1,6/20 pour la précision des informations concernant les entreprises ciblées. Ces scores décevants reflètent un manque manifeste de transparence dans les dépenses fiscales au Gabon.
Dans le classement GTETI, le Gabon se retrouve derrière son voisin camerounais au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) et devance la République centrafricaine, le Tchad, le Congo et la Guinée équatoriale. Ces résultats sont un signal d’alarme pour les autorités gabonaises, les exhortant à améliorer la transparence et la responsabilité dans leur gestion des dépenses fiscales.
Sur le plan continental, le Bénin émerge comme le pays le plus transparent en matière fiscale, suivi de près par le Niger, la Tunisie et le Maroc. Ces nations affichent des performances bien plus élevées que le Gabon en termes de transparence fiscale.
Il est essentiel de rappeler que l’Indice mondial de transparence des dépenses fiscales évalue les pays en fonction de cinq critères majeurs : la disponibilité publique des rapports sur les dépenses fiscales, le cadre institutionnel, la méthodologie employée, les informations détaillées concernant les entreprises ciblées, et les données relatives aux recettes perdues. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les dépenses fiscales sont des mesures spécifiques qui dérogent au système fiscal de référence, entraînant des pertes de recettes pour l’État, dans le but de façonner un comportement économique particulier de la part des contribuables ou de subventionner certains groupes sociaux.
Il est impératif que le Gabon prenne des mesures significatives pour améliorer sa transparence fiscale afin de s’aligner sur les meilleures pratiques internationales et de garantir une gestion fiscale plus efficace et équitable pour le bien de son économie et de ses citoyens.