Le gouvernement congolais s’attaque à la crise interne qui mine l’Office congolais de contrôle (OCC), un maillon essentiel du dispositif de régulation commerciale du pays. Une commission spéciale a été mise sur pied par le ministère du Commerce extérieur pour tenter de contenir une situation devenue intenable au sein de cette institution publique.
Depuis le 2 juin 2025, l’OCC est paralysé par une grève déclenchée par l’intersyndicale. À l’origine du mouvement, une série de griefs adressés à la direction générale : retards répétés dans le paiement des salaires, absence d’explication sur la suppression du bonus annuel, défaut de couverture des services médicaux contractés, et un climat de méfiance nourri par la gestion jugée opaque de l’équipe en place. Ce malaise s’est rapidement propagé à l’ensemble des services, fragilisant le fonctionnement de cet organe censé garantir la conformité des produits destinés à la consommation nationale et à l’exportation.
Le ministère de tutelle a réagi en relançant une mission mixte d’audit déjà connue dans les milieux administratifs de l’OCC. Cette équipe, dont la composition exacte n’a pas été précisée dans le communiqué officiel, devra remettre son rapport au plus tard le 16 juin 2025. Parallèlement, le collège des commissaires aux comptes a reçu l’instruction de produire également son propre rapport d’évaluation à cette même échéance.
Le ton du ministère est sans détour. Le document consulté indique que « le climat malsain qui règne à l’OCC met en péril les résultats attendus de cet organe technique et scientifique du gouvernement. » Une formulation qui trahit une inquiétude grandissante quant à l’efficacité et à la crédibilité de l’OCC dans ses missions de contrôle, d’inspection et de certification.
Les syndicats, pour leur part, continuent de tenir tête à la direction. Les discussions engagées ces derniers jours entre les représentants des travailleurs et l’équipe dirigeante n’ont, à ce stade, pas permis de désamorcer la crise. Plusieurs sources internes évoquent un climat de crispation où les négociations avancent à pas lents, faute de concessions concrètes.
Le blocage actuel affecte directement la chaîne logistique nationale. Plusieurs opérateurs économiques rapportent déjà des délais inhabituels dans la délivrance des certificats d’inspection nécessaires à l’importation de marchandises. Pour un pays comme la RDC, où le commerce extérieur reste vital, toute interruption prolongée du service de contrôle représente un risque non négligeable pour les flux économiques.
L’OCC, structure créée pour assurer la surveillance qualitative des produits et veiller à la conformité des normes techniques, se trouve aujourd’hui au centre d’un paradoxe : censée garantir l’ordre et la rigueur, elle est désormais accusée de dérive managériale et de désorganisation interne. Cette situation relance le débat sur la gouvernance des établissements publics en RDC, et sur la capacité des dirigeants à assurer la transparence dans la gestion de ressources essentielles.
Derrière les murs de l’OCC, ce ne sont pas que des revendications salariales qui s’expriment. C’est aussi un cri d’alarme contre ce que certains agents considèrent comme une perte de sens de leur mission. Une partie du personnel voit dans l’absence de vision stratégique et dans le blocage des moyens de fonctionnement, les signes d’un affaiblissement institutionnel plus profond.
Il est encore trop tôt pour évaluer l’impact réel de la commission gouvernementale. Mais une chose est certaine : l’État congolais ne pourra pas se contenter d’un simple rapport administratif. C’est une réforme de fond qu’il faudra envisager si l’OCC veut retrouver sa crédibilité auprès des partenaires économiques, des consommateurs et des agents qui portent encore foi à la mission publique.
— M. MASAMUNA






