Le 26 mars 2025, le groupe rebelle M23/AFC a annoncé la réouverture de la Caisse d’épargne et de crédit (CADECO) Sarl à Goma, ville sous leur contrôle depuis janvier. Cette initiative s’accompagne de la nomination de nouvelles figures à la tête de cette institution financière publique.
Selon des observateurs, cette démarche viserait à établir un circuit financier indépendant de Kinshasa, facilitant ainsi la circulation monétaire dans les zones occupées. Néanmoins, des doutes subsistent quant à la faisabilité de ce projet. Depuis l’occupation de Goma et Bukavu, l’économie locale est en berne : fermeture des banques et institutions de microfinance, ralentissement des activités commerciales, réduction des effectifs dans les entreprises, hôpitaux, ONG et services publics.
Face à cette situation, les dirigeants du M23/AFC ont initié des séances de sensibilisation avec divers acteurs socio-économiques, notamment la Fédération des entreprises du Congo (FEC) et les changeurs de monnaie. L’objectif affiché est de relancer l’économie locale en offrant des crédits remboursables à la population. Des sources indiquent que le mouvement disposerait de partenaires financiers pour soutenir la CADECO, qui pourrait également servir de centre pour la collecte des taxes et impôts au profit du M23/AFC.
Cependant, cette initiative suscite des réserves parmi les opérateurs économiques. La confiance envers la rébellion est limitée, et beaucoup craignent pour la sécurité de leurs dépôts. De plus, l’inactivité de l’aéroport de Goma et la diminution drastique des activités économiques réduisent les perspectives de succès de cette entreprise. Des analystes rappellent que la CADECO, en tant qu’institution d’épargne et de crédit, ne peut opérer comme une banque sans code SWIFT, essentiel pour les transactions internationales et dépendant d’une reconnaissance par un État souverain.
L’analyste économique Daddy Saleh a récemment mis en garde contre les effets de la fermeture des banques à Goma et Bukavu, soulignant une recrudescence de la contrebande et du blanchiment d’argent. Il note que d’importantes sommes circulent désormais en dehors des circuits bancaires traditionnels, alimentées en partie par des banques rwandaises fournissant liquidités et devises à ces villes.
La réouverture de la CADECO par le M23/AFC intervient dans un contexte où la rébellion continue d’étendre son emprise dans l’est de la République démocratique du Congo, malgré les appels au cessez-le-feu et les efforts de médiation régionale.
— M. KOSI






