spot_imgspot_imgspot_img

Le Franc Congolais chute de 6,6 % malgré une hausse des réserves extérieures de 5,47 %

Partager

Depuis janvier 2024, le franc congolais (CDF) connaît une chute de 6,6 % de sa valeur face au dollar américain, une situation paradoxale compte tenu de l’augmentation continue des réserves extérieures de la République démocratique du Congo (RDC). Selon les données de l’Agence Ecofin du 5 juillet 2024, le taux de change du CDF est passé de 2686,7 francs pour un dollar à 2863,3 francs.

Cette situation place les autorités monétaires et administratives dans une position délicate. La Banque centrale du Congo (BCC) s’est efforcée de contenir l’inflation en augmentant les taux directeurs de 11 % à 25 % et en imposant des réserves obligatoires de 10 % sur les dépôts en monnaie locale. Ces mesures ont certes permis de maîtriser l’inflation, mais elles ont également restreint l’accès des Congolais aux liquidités en monnaie locale, freinant ainsi la consommation et l’investissement.

Dépréciation du Franc Congolais
US dollars are seen at a currency exchange office in the commune of Gombe, in the Lukunga district of Kinshasa, Democratic Republic of the Congo, on April 18, 2016. In recent months, the Congolese franc has been losing more and more its value against the US currency. / AFP PHOTO / JUNIOR KANNAH

L’économie congolaise, largement dépendante du secteur extractif, a profité de la hausse des prix des matières premières sur le marché international, ce qui a conduit à une augmentation des dépôts bancaires, atteignant 12,87 milliards de dollars à la fin mai 2024. Cependant, la dollarisation de l’économie reste prononcée, avec 89,8 % des dépôts effectués en devises étrangères, principalement en dollars, contre 10,22 % en francs congolais.

Malgré la croissance des exportations, le produit intérieur brut (PIB) de la RDC devrait croître de seulement 4,8 % en 2024, contre une prévision initiale de 8,8 %. Cette baisse de la croissance est en partie due aux politiques monétaires restrictives de la BCC, qui ont limité les capacités de financement en monnaie locale. En parallèle, l’inflation reste un problème persistant, bien que modéré.

Les banques commerciales, contraintes par les politiques de la BCC, peinent à fournir les liquidités nécessaires pour soutenir l’économie. La récente augmentation des ressources disponibles, grâce aux apports du Fonds monétaire international (FMI) et à un excédent commercial brut de 3,7 milliards de dollars au premier semestre 2024, n’a pas suffi à compenser la demande de monnaie locale.

Le pessimisme demeure parmi les acteurs économiques, avec plus de 60 % exprimant une opinion négative sur l’économie nationale, malgré les 35,7 % d’opinions favorables dans le secteur privé. Cette perception négative alimente la dépréciation continue du franc congolais, exacerbée par la spéculation sur les devises.

La RDC, en dépit de ses réserves croissantes, doit faire face à un défi de taille : stabiliser sa monnaie nationale tout en soutenant la croissance économique. Les décisions futures devront trouver un équilibre délicat entre la lutte contre l’inflation et le soutien à la consommation et à l’investissement.

M.KOSI

En savoir +

A la Une