Le franc congolais a montré un léger regain de stabilité fin mai 2025. Le 30 mai, il s’échangeait à 2.856,69 CDF pour un dollar américain sur le marché interbancaire, tandis que le taux parallèle s’établissait à 2.865,28 CDF, d’après la Banque Centrale du Congo (BCC). Ces chiffres traduisent un redressement modeste mais réel de la monnaie nationale : +0,11 % sur le marché officiel, +0,06 % dans le secteur informel en l’espace d’une semaine.
Sur l’année, la tendance reste toutefois contrastée. Si le marché parallèle a connu une légère appréciation de 0,06 %, le taux officiel indique une perte cumulée de 0,39 % depuis janvier. Cette double lecture illustre la complexité d’un marché de change à deux vitesses, dans un pays où le dollar reste dominant dans les transactions quotidiennes.
Dans un contexte marqué par des tensions budgétaires et une demande soutenue en devises, ce sursaut du franc congolais n’est pas anodin. Il s’explique, entre autres, par les interventions régulières de la BCC sur le marché interbancaire et une discipline monétaire renforcée depuis le début du deuxième trimestre. Plusieurs cambistes à Kinshasa ont également noté une relative accalmie dans la demande en billets verts, notamment dans les zones commerciales comme Gombe et Limete.
Les chiffres des réserves internationales apportent un autre éclairage sur cette tendance. Au 29 mai, la RDC disposait de 6,78 milliards USD en devises étrangères, de quoi couvrir environ 2,59 mois d’importations de biens et services. Si ce niveau reste en deçà des standards fixés par le FMI (3 mois d’importations pour les pays en développement), il marque une amélioration comparé à la même période en 2024 où les réserves frôlaient les 6,2 milliards USD.
L’évolution du franc congolais continue d’être étroitement surveillée par les analystes. Pour plusieurs économistes basés à Lubumbashi et à Kinshasa, cette stabilisation reste fragile : « Les fondamentaux ne sont pas encore suffisamment solides pour garantir une résistance durable face aux chocs externes« , observe un consultant en macroéconomie sous anonymat.
La pression sur les prix internationaux, notamment ceux des carburants et des produits alimentaires importés, pèse encore lourdement sur la demande en devises. À cela s’ajoute l’anticipation des dépenses publiques liées au nouveau budget 2025, qui pourrait accroître les besoins de financement en dollars dans les semaines à venir.
Dans l’immédiat, la BCC semble privilégier une stratégie de gestion prudente de la liquidité, couplée à un encadrement plus strict des opérations de change. Cette approche vise à contenir la volatilité sans épuiser prématurément les réserves.
La suite dépendra largement du comportement du marché informel, qui reste un baromètre de confiance. Un franc congolais plus résilient passe nécessairement par une meilleure convergence entre les deux segments du marché, un objectif que les autorités monétaires peinent encore à atteindre durablement.
— M. MASAMUNA






