La République Démocratique du Congo se distingue par une croissance économique impressionnante ces dernières années, avec un taux de 8,9 % en 2022. Toutefois, cette performance masque des vulnérabilités structurelles majeures, notamment une forte dépendance au secteur minier. Comment ce géant africain se positionne-t-il par rapport à ses voisins et quelles réformes sont nécessaires pour assurer une croissance inclusive et durable ?
En 2022, l’économie congolaise a enregistré une croissance de 8,9 %, surpassant la moyenne africaine grâce à une production minière en hausse et des prix élevés des matières premières. Cependant, les prévisions pour 2023 indiquent une légère baisse à 6,2 %, principalement due à la diminution des prix du cobalt, une des principales exportations du pays. Sur le long terme, la RDC devrait connaître un ralentissement de sa croissance, estimée à 4,8 % en 2024. Cette tendance s’explique par la stabilisation de la production minière, soulignant la nécessité d’une diversification économique pour éviter les fluctuations liées aux marchés internationaux.
La RDC est fortement tributaire de son secteur minier, qui a contribué à hauteur de 49,5 % à la croissance en 2014. Cette dépendance expose l’économie aux caprices des cours mondiaux des matières premières. Un modèle de croissance axé sur l’industrie extractive est non seulement fragile mais aussi limité en termes d’amélioration des conditions de vie de la population. Sans une transformation structurelle, la RDC restera vulnérable aux chocs des prix des matières premières. La diversification économique est cruciale pour créer des emplois, améliorer la productivité et renforcer la résilience économique.
Le secteur informel en RDC représente environ 88,6 % de l’emploi total, constituant une bouée de sauvetage pour de nombreuses familles. Cependant, ce secteur est entravé par une faible industrialisation, une mauvaise gouvernance et un manque d’infrastructures. La faible productivité agricole et la limitation des exportations à quelques matières premières freinent également le développement économique. Des réformes structurelles sont nécessaires pour intégrer le secteur informel dans l’économie formelle, améliorant ainsi la productivité et les conditions de vie des travailleurs informels.
Comparée à d’autres pays africains, la RDC a affiché une croissance économique notable. Par exemple, la Côte d’Ivoire devrait connaître une croissance de 6,8 % en 2024, proche des 6,2 % prévus pour la RDC en 2023. Cependant, contrairement à la RDC, plusieurs de ces pays ont diversifié leurs économies, réduisant leur dépendance aux matières premières. Des pays comme le Sénégal, le Rwanda et l’Éthiopie affichent également des taux de croissance élevés, soutenus par des stratégies économiques diversifiées. La RDC, pour maintenir sa dynamique de croissance, devra suivre cet exemple en diversifiant ses sources de revenus.
Pour maximiser les retombées économiques de ses ressources minières, la RDC doit diversifier son économie, optimiser la fiscalité minière et investir judicieusement les revenus issus de ce secteur. Des réformes fiscales pourraient capter davantage de revenus sans décourager les investisseurs. Investir ces revenus dans des programmes sociaux et économiques ciblés, tout en renforçant la gouvernance, est essentiel pour assurer que les bénéfices miniers profitent effectivement à la population. De plus, promouvoir l’intégration économique régionale pourrait aider la RDC à devenir plus compétitive sur le marché mondial.
Bien que la RDC ait réalisé des progrès économiques significatifs, sa dépendance au secteur minier constitue une vulnérabilité majeure. Des réformes structurelles et une diversification économique sont impératives pour assurer une croissance durable et inclusive, capable de résister aux fluctuations des prix des matières premières et de répondre aux besoins de sa population.
M. KOSI