Daniel Mukoko Samba, Vice-Premier ministre chargé de l’Économie nationale, a appelé la République démocratique du Congo à renforcer concrètement son indépendance économique par une approche géopolitique réaliste, lors de son discours prononcé ce mardi 20 mai à Rabat, dans le cadre de la conférence Global Growth Conference (GGC 2025) organisée par l’Institut Amadeus.
Face à une concurrence mondiale exacerbée par la demande accrue de minéraux essentiels à la transition énergétique, notamment le cobalt et le lithium, Mukoko Samba recommande une intégration stratégique de la RDC dans les réseaux économiques régionaux comme le corridor de Lobito, reliant le pays à l’Atlantique via l’Angola. Selon lui, cette intégration permettrait au pays de mieux tirer parti de ses ressources tout en préservant son autonomie économique.
Le ministre estime impératif de développer activement le secteur énergétique national, en particulier grâce au projet hydroélectrique de Grand Inga, considéré par de nombreux économistes comme capable de produire jusqu’à 44 000 MW. Il a également évoqué l’importance d’investir massivement dans des infrastructures écologiques, citant notamment le corridor énergétique vert entre le Kivu et Kinshasa, un axe stratégique pour assurer la sécurité énergétique du pays à long terme.
Dans le même esprit, Mukoko Samba insiste sur l’urgence d’accélérer la construction du port en eaux profondes de Banana, un projet estimé à 1,2 milliard USD, essentiel pour stimuler les échanges commerciaux internationaux et réduire la dépendance logistique vis-à-vis des ports voisins de Dar es Salaam et de Mombasa. Il précise que la modernisation du réseau ferroviaire existant est également indispensable pour maximiser l’impact de ce nouveau port sur l’économie nationale.
Selon des données récentes de la Banque mondiale, la RDC, avec ses 95 millions d’habitants, pourrait enregistrer une croissance du PIB estimée à 6,7% en 2025, à condition que ces grands projets soient effectivement mis en œuvre. Cette croissance permettrait au pays d’absorber une partie significative des 2 millions de nouveaux entrants annuels sur le marché de l’emploi.
Daniel Mukoko Samba a clôturé son propos en rappelant aux partenaires internationaux et investisseurs présents que l’avenir économique de la RDC passera nécessairement par une gouvernance rigoureuse et transparente de ses ressources stratégiques, insistant sur l’importance de partenariats équilibrés et mutuellement bénéfiques avec les puissances économiques régionales et mondiales.
— Peter MOYI