Le rapport Business Ready 2024 de la Banque Mondiale marque une rupture avec les méthodologies précédentes en redéfinissant les critères d’évaluation du climat des affaires. Axé sur la transparence et l’inclusion, ce rapport propose une vision globale de l’environnement économique de 50 économies à travers le prisme de trois piliers : le cadre réglementaire, les services publics et l’efficacité opérationnelle. Cette révision ambitionne de fournir aux décideurs, aux entrepreneurs et aux analystes des données concrètes pour soutenir les réformes économiques.
Une nouvelle méthodologie pour évaluer l’environnement des affaires
En intégrant 10 thématiques importantes à la vie d’une entreprise, le Business Ready 2024 propose une analyse complète allant de la création d’entreprise jusqu’à la résolution d’insolvabilité. Contrairement à l’ancien projet Doing Business, qui avait tendance à privilégier les économies développées, cette nouvelle méthodologie met l’accent sur la performance économique globale et la résilience des systèmes financiers.
Ainsi, la Géorgie (77,67 points), le Portugal (78,11 points) et la Hongrie (78,23 points) figurent parmi les économies les mieux notées pour la qualité de leurs cadres réglementaires. Toutefois, il est intéressant de constater que des économies plus modestes comme le Rwanda et le Togo ont également obtenu des scores solides, respectivement de 73,50 et 70,40 points, prouvant qu’il est possible d’établir des environnements propices à l’investissement, même avec des ressources limitées. La capacité à instaurer une régulation claire et cohérente reste donc un levier de croissance économique à ne pas négliger.
Services publics et infrastructures : des défis financiers importants pour les économies émergentes
Le pilier des services publics met en lumière les efforts des gouvernements pour soutenir le secteur privé à travers des services de qualité. Les chiffres montrent que, globalement, les économies émergentes continuent de souffrir de déficits infrastructurels. Par exemple, la fourniture d’électricité reste un frein pour 60 % des pays évalués. Cependant, des pays comme l’Estonie (73,31 points) et Singapour (70,40 points) se distinguent en offrant des services digitaux performants qui facilitent l’accès aux entreprises.
En matière de dépenses publiques, l’absence d’investissements dans les infrastructures se traduit souvent par des pertes économiques significatives. Les retards dans la mise en œuvre de ces infrastructures coûtent, en moyenne, 2 à 3 % du PIB des économies à faible revenu. À l’opposé, les économies qui ont su prioriser la digitalisation des services, telles que le Rwanda (71,30 points), enregistrent une meilleure efficacité opérationnelle et un coût de gestion allégé.
Financement et commerce international : les obstacles à la compétitivité
L’accès aux financements reste un défi central pour les entreprises, notamment dans les économies où le système bancaire est peu développé. Selon le rapport, les entreprises africaines attendent en moyenne 45 jours pour obtenir un crédit, contre moins de 10 jours pour les pays d’Asie de l’Est. Cela engendre un manque à gagner considérable et limite les possibilités d’expansion des entreprises locales.
Le rapport souligne également l’importance des échanges transfrontaliers pour stimuler la croissance économique. Toutefois, seulement 21 % des économies étudiées disposent de toutes les infrastructures nécessaires à une gestion efficace des échanges commerciaux. Le commerce international souffre encore de nombreuses contraintes, notamment le manque de coordination entre les agences frontalières et l’absence de plateformes électroniques de gestion documentaire. Ces faiblesses structurelles réduisent la compétitivité des économies les moins développées.
Les pays de l’Union Européenne et d’Asie de l’Est, qui ont pleinement adopté les normes de l’OMC, bénéficient d’une meilleure fluidité des échanges et attirent plus de 60 % des investissements étrangers dans leurs zones respectives. Singapour et Hong Kong SAR sont cités en exemple avec leurs systèmes financiers robustes, soutenus par une transparence accrue et des notations de crédit fiables.
Digitalisation et inclusion économique : un potentiel à exploiter
La digitalisation est un domaine où les écarts de performance sont particulièrement marqués. Seules 4 % des économies évaluées ont pu développer des plateformes en ligne complètes, englobant des services tels que la gestion fiscale en ligne ou des chatbots pour assister les entrepreneurs. Cette insuffisance représente une perte de compétitivité importantes. À l’inverse, les économies qui ont misé sur la digitalisation ont vu une augmentation de 20 % de leur productivité, selon les estimations du rapport.
En matière d’inclusion économique, l’intégration des femmes et des jeunes dans le tissu entrepreneurial reste un défi non résolu. Les disparités de genre demeurent présentes dans les régulations du marché du travail. Par exemple, seulement 27 % des économies garantissent l’égalité salariale entre hommes et femmes. Cette exclusion réduit non seulement le potentiel de main-d’œuvre mais impacte aussi négativement le taux de croissance économique global, pouvant aller jusqu’à une baisse de 1,5 % du PIB dans certaines régions.
Quelles perspectives pour les économies en développement ?
Le rapport Business Ready 2024 émet plusieurs recommandations pour dynamiser le climat des affaires et attirer les investisseurs étrangers :
- Investir dans les infrastructures : Un environnement propice aux affaires repose sur des infrastructures robustes et efficaces. Cela inclut non seulement l’accès à l’énergie et à l’eau, mais aussi des systèmes de transport modernes.
- Simplifier l’accès au financement : Réduire les délais et les coûts d’emprunt est essentiel pour les PME, car cela leur permet de se développer plus rapidement et d’accroître leur compétitivité.
- Accélérer la digitalisation des services publics : La digitalisation facilite la conformité réglementaire et réduit les coûts de transaction, des éléments essentiels pour attirer les entreprises étrangères.
L’édition 2025 du rapport s’élargira à plus de 100 économies, ce qui permettra de comparer un plus grand nombre de politiques publiques et de stratégies de développement économique. D’ici 2026, l’objectif est de proposer un benchmark mondial complet pour orienter les décideurs économiques vers des solutions innovantes et inclusives.