Par lepoint.cd
Kinshasa, RDC – Glencore, le géant anglo-suisse du négoce et de l’extraction de matières premières, est actuellement au centre de l’attention en République Démocratique du Congo (RDC), suite à sa déclaration de paiement de plus d’un milliard de dollars américains à l’État. Cependant, cette annonce n’a pas échappé à un examen minutieux, certains demandant maintenant à l’entreprise de dévoiler non seulement ce qu’elle a versé, mais aussi ce qu’elle a réellement gagné dans le pays.
Le mois d’octobre a vu Glencore organiser une conférence à Kinshasa, où sa Présidente et Présidente du Conseil d’Administration de Kamoto Copper Company (KCC), Marie-Chantal Kaninda, a présenté les réalisations de l’entreprise pour la période de 2022 à 2023. Au cours de cet événement, Glencore a mis en avant son statut d’investisseur responsable et a souligné sa position en tant que l’un des principaux producteurs de cuivre et de cobalt grâce à sa filiale Kamoto Copper Company (KCC), en partenariat avec la Gécamines (qui détient 25 %) et Mutanda Mining (MUMI), en partenariat avec le gouvernement congolais (détient 5 % à ce jour).
Marie-Chantal Kaninda a fièrement déclaré : « En tant qu’opérateur établi et fier partenaire de la RDC et des communautés qui accueillent nos activités dans le Lualaba, nous respectons nos engagements de payer ce que nous devons aux pays dans lesquels nous opérons. Ainsi, le dernier rapport sur les paiements aux différents gouvernements, publié en juillet dernier, a révélé que nous avons payé 1,137 milliard de dollars américains à titre d’impôts, de taxes, redevances et autres obligations au gouvernement congolais. »
Il est indéniable que Glencore a considérablement investi en RDC, avec plus de 8 milliards de dollars américains engagés dans le développement de ses exploitations. Ce développement a également favorisé la croissance du secteur extractif, créant un grand nombre d’emplois, à savoir environ 8 700 employés et 7 650 contractants, dont plus de 98 % sont des travailleurs congolais.
Cependant, des voix critiques, telles qu’Emmanuel Umpula, directeur exécutif d’Afrewatch, une ONG militante pour une exploitation équitable des ressources naturelles en Afrique, remettent en question les circonstances entourant ces transactions. Dans une interview exclusive accordée à MINES.CD, Umpula a formulé une demande claire à Glencore : « Combien ont-ils perçu ?«
Umpula évoque des préoccupations essentielles, notamment la transparence des prix de vente des minerais exportés par Glencore et si l’entreprise a effectivement réglé toutes ses obligations de manière appropriée. Il a également souligné la suspension temporaire des activités de KCC et Mutanda par Glencore pour mettre à niveau ses installations.
Selon Umpula, il est essentiel que la société divulgue non seulement ses paiements à l’État, mais aussi ses revenus réels. « Les entreprises ont tendance à dire ce qu’elles ont payé à l’État, sans dire ce qu’elles gagnent en réalité », a-t-il souligné, appelant Glencore à plus de transparence.
En fin de compte, la question persistante reste : Glencore révèlera-t-elle ce qu’elle a réellement généré en République Démocratique du Congo au cours de cette période de transactions ? La pression pour plus de divulgation financière s’intensifie, et il est impératif que Glencore réponde à ces interrogations pour maintenir sa réputation d’investisseur responsable dans le pays.