Kinshasa, 10 avril 2025 — En 1973, le régime Mobutu nationalisait les entreprises étrangères sous couvert de « Zairianisation », un fiasco économique encore cité dans les manuels. Quatre décennies plus tard, un nouveau chapitre d’opacité s’écrit. « Ce n’est pas un PPP, c’est un transfert de souveraineté économique », accuse l’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) dans son rapport sur la reconstruction du marché central de Kinshasa.
Le contrat signé en mars 2021 entre le gouvernorat et Sogema Sarl fait tanguer l’économie congolaise. Selon l’ODEP, la société a obtenu un bail de 25 ans sur ce poumon commercial sans investissement initial. Les 195 millions USD du projet proviennent d’un prêt Sofibanque garanti par la ville. Un mécanisme que The East African compare à « une enchère inversée : les bénéfices montent, les risques descendent ».

Les chiffres interpellent. Sogema perçoit 100% des taxes, redevances et revenus publicitaires, selon les clauses consultées par nos soins. La société conserve même les équipements achetés avec l’argent public. « Pour chaque dollar dépensé, les Kinois paient deux fois : aujourd’hui par le crédit, demain par les loyers », explique un négociant de Lubumbashi, sous couvert d’anonymat.
Le gouvernorat aurait contourné les procédures standards. Aucune étude d’impact n’a précédé la signature. Aucun appel d’offres non plus. La Banque centrale du Congo révèle que le déficit budgétaire de Kinshasa a bondi à 17% en 2024, un record depuis la crise de 2018. Pendant ce temps, les étals du marché central restent vides. En 2023, des commerçants avaient manifesté devant les ruines du site, brandissant des pancartes « Matadi Kibala, marché fantôme ».
Cette stratégie, si elle est maintenue, pourrait… Mais les détracteurs soulignent l’héritage toxique des accords léonins. Le code minier de 2002 avait déjà aliéné 62% des ressources du Katanga à des tiers. Aujourd’hui, Kinsasha réédite le scénario avec son patrimoine urbain. L’ODEP exige un audit immédiat. Reste une question : qui paiera les 25 années d’opacité contractuelle ?
– Par M.KOSI






