Circulation nocturne obligatoire à Kinshasa : le casse-tête logistique des transporteurs et industriels 

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Bumba

Le gouvernement provincial de Kinshasa impose aux camions de circuler entre 22h et 5h à partir de fin mai 2025. Une décision prise mardi 20 mai lors d’une réunion tendue entre le vice-Premier ministre aux Transports, le gouverneur de la ville et la Fédération des Entreprises du Congo (FEC). Objectif affiché : désengorger une capitale où les embouteillages coûtent près de 1,2 milliard de dollars par an selon la Banque mondiale.

« Passer à une logistique nocturne, c’est bouleverser toute la chaîne économique », alerte un dirigeant de la FEC sous couvert d’anonymat. Les 150 entreprises présentes — transporteurs, industriels, banquiers — ont listé les obstacles : 87 % des stations-service ferment avant minuit, 60 % des entrepôts manquent d’éclairage sécurisé, et les transferts financiers nocturnes restent impossibles sans accord préalable de la Banque centrale.

Le décret implique une refonte légale urgente. « Le code du travail interdit aux femmes de manipuler des charges lourdes après 20h. Les syndicats menacent de grève si ça change », précise Marie Tshibangu, avocate spécialisée en droit social. Autre écueil : les 12 000 dockers du port de Matadi, principal point d’entrée des marchandises, travaillent exclusivement de jour.

Face aux critiques, les autorités accordent 72 heures aux acteurs économiques pour proposer des ajustements. « Aucune usine ne peut reprogrammer ses livraisons en trois jours ! », s’insurge un logisticien européen installé à Gombe. Ses calculs : adapter les plannings coûterait 18 % de marge supplémentaire aux PME, selon une étude récente du cabinet Deloitte.

La FEC exige des mesures concrètes d’ici au 27 mai : extension des horaires bancaires, déploiement de 500 policiers supplémentaires sur les axes routiers, et installation de 30 bornes de carburant 24h/24. « Sans ça, les pénuries de médicaments et denrées alimentaires sont inévitables », prévient un grossiste du marché de la Liberté, où transitent 70 % des produits de première nécessité.

L’enjeu dépasse Kinshasa. En 2023, Douala au Cameroun a tenté une mesure similaire, avant de faire machine arrière face aux ruptures d’approvisionnement. La RDC parviendra-t-elle à éviter cet écueil ? Réponse fin mai.

— M. KOSI

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