Crise à l’Est de la RDC : 230 douaniers déplacés exigent une réaffectation face aux pertes de 12 millions $ par mois 

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DGDA

Plusieurs mois après leur fuite des zones occupées par le M23 soutenu par Kigali, des agents des douanes de l’Est de la RDC vivent un calvaire administratif. « Nous demandons à travailler là où nous avons trouvé refuge », insiste Lydie Kavira, inspectrice à la DGDA, jointe par téléphone à Bukavu. Son équipe, comme des centaines de collègues du Sud-Kivu, survit sans activité professionnelle depuis février 2024, malgré des salaires maintenus.

La prise de contrôle des postes-frontières par les rebelles a paralysé 87 % des opérations douanières régionales, selon les chiffres internes de l’administration consultés par Lepoint.cd. Résultat : des collectes en chute libre, tandis que 230 agents spécialisés errent entre Kinshasa et Lubumbashi. « L’État nous verse toujours nos 450 dollars mensuels, mais sans bureau d’affectation, nous sommes des fonctionnaires fantômes », déplore un contrôleur sous couvert d’anonymat.

Le drame se niche dans les détails du quotidien. À Lubumbashi, le prix moyen d’un logement décent avoisine les 250 dollars – près de 60 % du salaire moyen des agents. « Beaucoup survivent dans des chambres d’hôtel surpeuplées », rapporte un responsable syndical local. La DGDA ne prévoit aucune indemnité de relogement, contrairement aux pratiques observées au Katanga lors des crises précédentes.

Cette paralysie humaine coûte cher au Trésor public. Les douanes de l’Est généraient 18 % des recettes nationales avant le conflit, contre 7 % aujourd’hui. « Chaque mois perdu équivaut à 12 millions de dollars évaporés », calcule l’économiste Christian Bwana, auteur d’une récente étude sur l’impact fiscal des guerres à l’Est.

Les appels se multiplient pour une solution temporaire. « Pourquoi ne pas nous affecter aux vérifications de containers à Matadi ou aux contrôles routiers sur l’axe Kindu-Kalemie ? », interroge Mme Kavira. La balle est dans le camp du gouvernement, qui tarde à trancher entre logique administrative et urgence humanitaire.

— M. KOSI

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