Par Mitterrand Masamuna, Journaliste économique
Le Point Économique – 2 novembre 2023 – La République Démocratique du Congo (RD Congo) et le Fonds Monétaire International (FMI) ont franchi une étape significative dans leur partenariat économique avec l’annonce d’un accord majeur pour un décaissement de 200 millions de dollars américains. Cette décision fait suite à la conclusion réussie de la cinquième revue du programme triennal (2021-2023), soutenu par la Facilité Élargie de Crédit (FEC). À l’heure où le monde économique est suspendu aux décisions des institutions financières internationales, cet accord constitue une avancée majeure pour la RD Congo.
Ce montant colossal de 152,3 millions de Droits de Tirage Spéciaux (DTS), l’équivalent d’environ 200 millions de dollars américains, devrait être approuvé par le conseil d’administration du FMI en décembre prochain. Cette injection de fonds portera le total des financements accordés par le FMI dans le cadre de ce programme à un impressionnant 913,8 millions de DTS, soit environ 1,217 milliards de dollars américains. Une somme qui revêt une importance capitale pour l’économie congolaise.
Le FMI a souligné que cette cinquième revue a été menée à bien en dépit d’un environnement économique « difficile et incertain ». En effet, l’inflation a grimpé en flèche à 23,3 % en juillet 2023, principalement en raison de la forte dépréciation du Franc congolais. De plus, les recettes minières ont connu un recul conséquent, en tandem avec la chute des cours du Cobalt, dont la RD Congo est le premier producteur mondial. Pour couronner le tout, les dépenses publiques ont été réajustées pour donner la priorité à la sécurité et à la préparation des élections de décembre, plutôt qu’à l’apurement des arriérés. Malgré ces défis, le FMI projette une croissance du PIB de 6 % en 2023, stimulée par un secteur minier dynamique.
Dans un contexte marqué par de fortes incertitudes, l’institution internationale préconise des politiques économiques prudentes. Le FMI insiste sur l’importance cruciale de maintenir un contrôle rigoureux des dépenses non essentielles, de rationaliser les dépenses en biens et services, tout en préservant les dépenses d’investissement public social et prioritaire. De plus, il encourage vivement la RD Congo à intensifier ses efforts pour améliorer la transparence et la gouvernance, en mettant l’accent sur « un engagement continu en faveur de la publication en temps opportun des contrats miniers et d’institutions de contrôle fortes, telles que la Cour des Comptes ou l’Inspection générale des finances ».
Sur le plan monétaire, le FMI estime que la Banque centrale du Congo (BCC) devrait accentuer le durcissement de sa politique monétaire afin de contenir les pressions inflationnistes. En août dernier, rappelons que l’institut d’émission monétaire avait déjà porté son principal taux directeur de 11 % à 25 %, et s’était déclaré prêt à « durcir davantage si les évolutions des indicateurs pertinents en montraient la nécessité ».
L’accord entre la RD Congo et le FMI représente un développement économique de premier plan pour la nation africaine. Le financement substantiel qui en découlera contribuera sans nul doute à stimuler la résilience de l’économie congolaise et à renforcer sa stabilité financière à l’avenir. En attendant l’approbation finale de cet accord en décembre, les observateurs du marché suivent de près les développements économiques en RD Congo, conscients des implications de cette décision sur le pays et la région dans son ensemble.